Bienvenue dans votre parcours d'animateur de projet collectif

Ce parcours numérique, d'une durée de 8 à 10h, reprend quelques une des fiches des parcours thématiques agrémenté de quelques notions complémentaires.
Il est forcément très partiel (réducteur même car nous avons dû poser des choix) et ne remplacera jamais une formation "plus longue" et "en présence"mais il vous permet de découvrir quelques incontournables de l'animation de projets collectifs, que ce soit en terme de posture, de concepts ou de méthodes-outils.
Il s'adresse à toute personne qui participe activement à un projet collectif ou qui anime celui-ci.

Nous vous conseillons de suivre le déroulé proposé et vous invitons à faire régulièrement des pauses pour analyser ce que ça questionne en vous ou dans votre projet, si vous êtes d'accord ou pas...
Vous pouvez imprimer ce document en cliquant sur ce lien pour une lecture "hors écran". Toutefois, certains outils proposés sont numériques et nécessiteront donc un ordinateur et/ou une connexion web.
Nous n'avons pas trop développer le côté numérique mais ne l'avons pas nié non plus car pour selon le nous, le numérique dans un projet collectif c'est "autant que nécessaire mais aussi peu que possible". Nous ne souhaitons ni nous en priver, ni en devenir prisonnier.
Vos retours, questions sont évidemment les bienvenues et ne feront qu'enrichir ce parcours "restreint".

Ceci étant posé, il est temps de commencer !
Une définition : un projet collectif est un projet porté par plusieurs personnes. Personnes qui partagent un "objet commun"ET une envie de le mener à plusieurs. Ces personnes peuvent être bénévoles mais pas uniquement. Leur point commun est de consacrer du temps et de l'énergie à cet objet commun partagé !

Un projet collectif est (avant tout) une aventure humaine

Nous souhaitons aborder cette aventure par trois axes

1. Mais qu'est ce que je fais là ?

Donner son temps ce n'est pas anodin !
Quelles sont les motivations derrière ce "don" ?

2. L'animation, le coeur du projet.

Si j'apprends, m'amuse, me sens utile, je reste
et tout ça n'est possible que s'il y a animation !

3. Il faut oublier l'immortalité !

Tout a une fin, y compris nos projets
si on le nie, on construit du "mortifère"

Entrons dans le vif du sujet !

1. Mais qu'est ce que je fais là ?

Le temps est un bien rival : si je le consacre au projet, je ne peux le consacrer en même temps à ma famille, la lecture ou la balade... il faut choisir et il ne sera pas possible de revenir en arrière !!
Alors qu'est ce qui me pousse à donner ce temps, cette énergie à ce projet ?
Qu'est ce qui m'amène ici ? c'est quoi mes motivations ? Que suis-je venu chercher ?

Ces questions, on ne se les pose "quasi jamais" quand on se lance dans un projet (en tant que membre ou comme animateur) et pourtant elles peuvent complètement changer le devenir du projet.

Quelques notions à questionner

Le rapport au temps

Le rapport au temps : on en crève !!!
On fait quoi avec ça quand on est animateur de projet et qu'on va demander du temps aux autres ?

Sur la posture de l'animateur

La posture de l''animateur de projet collectif influence le reste du collectif. Son rapport au temps percole donc dans le collectif et ses membres.

Mais pourquoi travailler son rapport au temps ?

sans temps pour soi, l'humain vit frustré
  • quand l'humain perçoit qu'il ne maîtrise pas le temps, qu'il le subit, il tombe malade.
  • choisir sa posture (choisir d'être heureux, bien plutôt que mieux, vivre aujourd'hui plutôt que demain...)
sans temps de relations, il n'y a plus d'humanité
ceci a bien été documenté dans un ouvrage "Manifeste pour le bonheur" de Stefano Bartolini

Pourquoi les sociétés avancées souffrent-elles d'une pénurie de temps au beau milieu d'une abondance de biens ?

Au cours des 50 dernières années, l'accès aux biens de consommation s'est considérablement amélioré, mais les occidentaux ne paraissent pas plus heureux pour autant.
C'est le paradoxe du bonheur.
La thèse défendue dans "le Manifeste pour le bonheur" est que les effets positifs sur le bien-être, fruits de l'amélioration des conditions économiques, ont été annulés par les effets négatifs d'une dégradation des relations humaines. La régression du bonheur est largement corrélée à la pauvreté relationnelle.

4 forces agissent sur le bonheur en des directions opposées.

Force positive
  • L'augmentation du revenu par habitant
Forces négatives
  • Diminution des biens relationnels (ou capital social : toute forme de lien non économique entre les individus d'une part et entre les individus et les institutions d'autre part)
  • Diminution de la confiance dans les institutions (gouvernement, banques, syndicats, presse...)
  • Rivalité ostentatoire accrue : comparaison sociale permanente avec les autres et singulièrement les plus riches que soi
Le résultat de ces forces aboutit à une diminution constante du bonheur chez les gens.
Plus le revenu augmente plus les forces négatives augmentent et annulent le bienfait de meilleures conditions économiques sur le bonheur ressenti

Cet effet a été appelée la "croissance endogène négative"
Il est fondée sur 3 hypothèses :
  1. il y a des biens libres ou gratuits, que l'on ne peut acheter mais qui sont indispensables au bien-être (amitiés, relations humaines, espaces verts, eau, air pur...)
  2. l'économie possède une grande capacité à fournir des substituts coûteux aux biens libres (piscine plutot que rivière propre, internet plutôt que rencontres humaines, une caméra plutôt que la confiance...)
  3. la croissance économique réduit l'accès à ces biens libres en les détruisant (ou en interdisant leur accès)

Un cercle vicieux

La transformation des biens communs libres en substituts coûteux et privés influent négativement sur notre bonheur.
=> Pour nous défendre contre cette dégradation environnementale et sociale, nous devons (sommes incités par la publicité à) acheter la compensation.
Naturellement, pour financer ces dépenses "défensives", nous devons travailler plus. En d'autres termes, les efforts que nous déployons pour nous défendre contre la dégradation des biens libres contribuent à l'augmentation du PIB.
=> Par conséquent, la dégradation contribue à la croissance !!
La croissance quant à elle dégrade
  • l'environnement
    • c'est assez évident pour les biens communs, air et eau propre, biodiversité, nature accessible... ce qui en rebond les rend moins accessible pour tous et donc favorise leurs alternatives payantes et privées
  • et les relations humaines
    • moins évident au premier regard : la création d'un cadre consumériste où tout besoin se solde par un achat place les personnes dans un système de valeurs
      • qui favorise l'avoir plutôt que l'être, la comparaison plutôt que le partage, la compétition plutôt que la coopération, l'argent plutôt que le "don"...
      • qui insécurise, fait craindre une accaparation des ressources par "l'autre"
      • qui crée frustration, perte du sentiment d'autonomie et désengage les gens de leurs motivations intrinsèques
=> Les relations humaines étant moindres et l'environnement global stressant, notre bonheur ressenti chute et nous invite à "consommer" pour compenser...
LA BOUCLE EST FERMEE ;-(

image croissance_negative_endogene.jpg (0.1MB)
"Je suis publicitaire. Vous faire baver, tel est mon sacerdoce. Dans ma profession, personne ne souhaite votre bonheur, parce que les gens heureux ne consomment pas"
Frédéric Beigbeder
sans temps, l'humain ne peut penser et travailler
  • des méthodes, (mes gros cailloux, savoir dire non, gtd, pomodoro, matrice d’Eisenhower, matrice impact / effort...)
  • des outils (listes intelligentes, veille partagée, délesteurs...) pour pouvoir organiser l'usage de mon temps.
Le « présentisme » (réduction du temps au seul présent, tyrannie de l’éphémère) et l’obsolescence rapide des informations, des produits, des technologies, des politiques, des modes, des personnes rend difficile la projection dans le futur. Cette façon de nier le futur se traduirait par l’impuissance à élaborer ensemble une vision de l’avenir mobilisatrice à long terme. En acceptant qu'une fin est possible (celle du projet ou celle du rôle d'animateur), l'animateur offre une vision au collectif.
Et vous vous avez déjà imaginer votre fin ? ce serait quoi votre discours de mort / votre épitaphe
un peu plus de comme avant ?
ou on sacralise le temps gagné pour redevenir humain...

Sur le rapport au temps que j'implique pour les autres

La gestion du temps est donc tout autant une affaire individuelle que collective qui nécessite de prendre le temps de repenser notre rapport au temps et de prendre conscience de nos limites individuelles, collectives et planétaires.

Faire (ou participer à) un projet collectif demande du temps...
Chacun doit trouver de l'avantage à "investir" son temps ici.
L'animateur doit travailler avec le collectif afin que chaque membre trouve un intérêt personnel ou professionnel à être là

Comment faire ?

En questionnant : "je pourrais consacrer du temps à ce projet..."
  • S'il m'apporte personnellement...
    • Du côté personnel, les gens aiment apprendre, jouer... Il faut veiller à apporter du contenu et de la méthode.
  • S'il m'apporte professionnellement...
    • Souvent quand on explore ce point en prenant le temps, on s'aperçoit que de petites ré orientations du projet permettent d'y trouver les éléments pragmatiques qui permettront de justifier vis à vis de mon employeur : je prends du temps pour ce groupe mais vous voyez j'en reviens avec de nouvelles méthodes et outils dont j'ai besoin... je vais dans ce groupe qui a accepté de rapidement travailler sur ce sujet car c'est pour moi un sujet chaud du moment donc j'y gagne aussi.
    • repérer, discuter les trucs (même éloignés de l'objet du groupe) qui, s'ils étaient partagés me permettraient de revenir au travail plus "malin"

Enfin, ne pas négliger la dimension plaisir. Quand je vais dans ce collectif, je sais que ça va bosser mais aussi et surtout qu'on va se régaler, je vais en ressortir ressourcé TOTALEMENT, autant sur le fond que sur la forme. je serais évidemment prêt à privilégier du temps pour ce contexte plutôt qu'à un autre efficace mais chiant.
Travailler un peu cette question permet à l'animateur de rester en attention par rapport au collectif plutôt que de piloter en intention.

Attention à l'animateur militant

On est tous militant (10 à 15% de notre temps). Dans ces projets là, le temps ne compte "plus" mais ce n'est pas nécessairement le cas des autres membres qui sont là par intérêt mais pas par militance (et donc pas prêt à tout sacrifier)
Quand cette posture n'est pas travaillée, le collectif explose sous la cadence imposée par l'animateur militant ,-(

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La posture de l'animateur

L'animateur est souvent une personnalité "rare", très présente qui peut rendre le projet totalement "dépendant" d'elle et passer insconsciemment du rôle de créateur à celui de fossoyeur...

Etre animateur de projet collectif c'est d'abord faire un travail introspectif ;-)

et identifier ses besoins de reconnaissance et de ses peurs

Les risques
  • tirer la couverture à soi
  • caractère autoritaire
  • vouloir imposer
  • penser intérêt individuel
  • se rendre indispensable
  • absence de confiance
  • esprit de compétition
  • ne pas s'écouter
  • pas de droit à l'erreur
  • écouter sans entendre
Des pistes
  • passer d'une logique d'intention à une posture d'attention
  • entre partage sincère et écoute apprenante
  • être dictateur bienveillant sans être créateur fossoyeur
  • clarifier son rapport au pouvoir
  • aller vers un ego mesuré et travaillé
  • être directif ET bienveillant
  • ne pas faire de ce qui se passe une affaire personnelle
  • croire un peu en l'Homme : L'humain est éducable :-)
  • cultiver ses lieux d'optimisme (et savoir le rester) => le recueil de citations qui font du bien :-)

et envisager son rapport à l'autre et sur ce qu'il peut apporter

Être capable d’écouter
Être capable d’attention plutôt que d’intention afin de se laisser envahir par les propositions des autres, par d’autres points de vue qui nous feront sortir de l’aveuglement étriqué de nos certitudes, donc apprendre à se taire, apprendre à travailler, organiser, reformuler les idées de celui qui nous est étranger.
Accepter que son regard constitue une part aussi pertinente que la nôtre d’un tout que nous ne pouvons voir seul.
Apprendre à cartographier simplement les idées qui nous entourent.
Être capable de faire des propositions ambiguës
Si coopérer c’est oeuvrer collectivement pour parvenir à des fins communes ou acceptables par tous, il faut se garder de faire des propositions tellement bien ficelées qu’elles vont instantanément enfermer vos complices dans le sentiment que l’on tient LA bonne solution. Il est fréquent de voir le premier beau parleur proposer un cadre organisationnel qui servira ensuite de réceptacle aux idées suivantes de ses collègues. Travailler des propositions sujettes à interprétations, pas forcément totalement formulées, permettra de laisser de la place aux idées des autres, à proposer de multiples organisations, à jouer avec les idées avant de choisir, ensemble.
Être capable de vivre avec une organisation bancale
L’organisation d’un groupe, d’un chantier n’est qu’un outil au service d’un projet. Si celui-ci est coopératif, il sera co-élaboré et donc ne pourra, dès le début, être parfaitement organisé. La part de bazar est donc normale… Pour aller plus loin, on peut estimer, en regardant le fonctionnement des systèmes vivants, qu’une part de bazar est même nécessaire à la vie du système. ⅔ de bazar pour ⅓ d’ordre semble être le ratio pertinent au sein des systèmes coopératifs. Mettre trop d’ordre risque de faire un joli système… mais mort, ou encore pire, un système au sein duquel les humains sont quasi morts.
C’est peut-être sur ce dernier point que nous avons à faire le plus gros effort de renoncement.

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Un rôle étonnant : le dictateur bienveillant

C'est une posture "normale" et rassurante ;-)
Dans tout processus, y compris collectif, il faudra une personne qui porte la responsabilité de lancer le projet "tout seul" et qui posera les premières étapes en "dictateur bienveillant"


Cela signifie :
  • accepter d'être critiqué pour cette première démarche forcément pas 100 % collective (un lieu, une date...)
  • accepter d'assumer ce "rôle" et une certain leadership au moins pour un temps
  • accepter de se dévoiler en terme de motivation, d'envie, de rêve, d'utopie...
Mais c'est un job à risque (comme la possession d'un anneau ;-) :
  • sans y prendre garde, on peut facilement rester dans cette posture (parfois "pousser au début" par le collectif) car elle procure un certain "pouvoir ou aura"
  • sans y prendre garde, on peut facilement passer du dictateur bienveillant au créateur fossoyeur qui enterre avec lui la belle idée de départ

Quelques pistes

  • mettre en place un mécanisme de contrôle (si possible extérieur et à une date précise) pour obtenir un regard critique sur sa posture et savoir si l'on est bien sorti de ce rôle.
image GollumwRing06.jpg (27.7kB)

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Les valeurs, les intentions

N'est-il pas étrange de nous voir plus farouchement défendre nos erreurs que nos valeurs ? Khalil Gibran.

Les intentions

L'intention c'est cette étoile qui nous guide, qui intègre nos rêves et nos désirs profonds. Elle nous donne l'énergie de réaliser les petits pas qui nous mèneront à l'aboutissement de nos rêves. On la porte en soi comme un objectif, comme la promesse d'une réalisation future. Sa particularité est la puissance et la rapidité avec lesquelles elle peut se transformer, à la seule condition qu'on la porte avec conviction et engagement et avec la certitude qu'elle deviendra réalité.
L'histoire nous a prouvé à maintes reprises que les contraintes sociales, physiques, économiques ou politiques ou tout autre frein peuvent être dépassés et permettre à une intention de se réaliser, même celle qui semblait impossible. L'ennemi essentiel de cette réalisation est le doute. Une intention peut prendre différentes formes. Elle peut évoluer avec le temps. On peut même en avoir plusieurs, à des degrés d'importance différents. Mais lorsqu'elle est bien ancrée, nous savons, pourquoi nous faisons ces efforts.
Elle nous aide à traverser les périodes difficiles, en nous rappelant où nous allons.

Déterminer les intentions qui nous habitent quand on participe à un collectif et surtout quand on anime un collectif est ESSENTIEL.

Les valeurs

Une valeur personnelle est très différente d’une habitude de vie. Les valeurs personnelles sont des règles morales qui nous servent de boussole. Ce sont nos racines.

Les valeurs personnelles répondent à 3 critères fondamentaux :

  • Une valeur ne vous contraint pas à faire quelque chose : elle vous motive à le faire.
  • Une valeur n’est pas un devoir : vous faites quelque chose parce que vous le voulez, que ça vous correspond et non parce que vous le devez.
  • Une valeur n’est pas un besoin : si vous avez seulement besoin de liberté, « liberté » n’est pas une valeur.

Connaître ses valeurs et être en accord avec celles-ci permet notamment :

  • De se sentir en harmonie avec soi-même
  • De conforter l’estime de soi en osant être soi
  • De prioriser nos actions, de faciliter nos choix
  • De se débarrasser de nos croyances limitantes
  • De se sentir plus stable, mieux dans ses baskets
  • De mieux appréhender les situations nouvelles

Quatre questions

Mes actes incarnent-ils les valeurs qui me sont chères ?
Mes valeurs sont-elles compatibles avec les compétences pivot de l'animateur de projet collectif ?
Ai-je clarifié mes intentions personnelles et/ou celles que je place dans ce projet collectif ?
Que suis-je vraiment venu chercher dans ce projet collectif (et notamment en tant qu'animateur) ?
Ce document pdf vous permettra de faire le point sur ces notions chez vous, à tête reposée ;-)

Sources / Aller plus loin

  • Le guide pratique de l'intelligence collective
  • 30 jours pour trouver ma voie et vivre mes rêves
  • Moins d’ego… plus de joie ! Un chemin de liberté
  • Cessez d'être gentil, soyez vrai !
  • Psychologix

2. L'animation, le coeur du projet.

L'animation : (ré)apprendre à "être ensemble"


La plupart du temps, les groupes n'accordent pas une grande importance aux processus d'animation pendant les rencontres.

Les deux attitudes les plus courantes sont :
  • présupposer que celui qui organise ou reçoit anime la rencontre ("laisser-faire")
  • s'il y a enjeu, organiser l'animation autour de la distribution de la parole (via un tiers parfois)

Or, les rencontres sont (devraient être) les moments les plus forts du collectif.

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Agir avec le plaisir et la joie comme moteur

Une nécessité s'impose de plus en plus : nous allons devoir changer de moteur pour agir. Remplacer la souffrance et le sacrifice (que l'on s'impose ou qu'on impose) par le plaisir et la réalisation de soi au service d'un but collectif.
Un groupe qui ne génère pas du plaisir et de la joie est condamné à brève échéance.
Les groupes qui fonctionnent avec les principes de la joie se disent systématiquement rechargés et ré-enthousiasmés après les séances collectives qui conjugent humour, vision, rêve et action. Faire de la joie et du plaisir d'être ensemble un moteur de l'action, c'est déjà commencer à réenchanter le monde. Et la joie n'empêche pas le sérieux, ni la gravité, ni le désaccord, ni l'efficacité !

Nos rencontres doivent être des moments "reboostants".
Li'déal (à travailler donc car ce n'est pas "automatique") est
  • d'en sortir avec plus d'énergie qu'en entrant
  • d'en sortir avec le sentiment d'avoir appris quelque chose (soit sur le contenu, soit sur des méthodes)
  • d'en sortir avec le sentiment de faire partie d'un tout plus grand (un collectif)
  • et si possible d'avoir été utile au collectif, à la cause...
Les rencontres en présence ne devraient pas être réservées à la résolution exclusive des "problèmes".
C'est évidemment une bonne idée de chercher à les résoudre en présence
MAIS quand nos rencontres ne servent qu'à résoudre des problèmes, que l'on sait que l'on risque d'en sortir fatigué.e, énervé.e...
Il n'est pas certain qu'on fasse salle comble la prochaine fois ;-("
Quoiqu'il en soit, la façon de faire nos rencontres change radicalement :
  • ce qui est produit
  • ce qui est ressenti*

L'animation des rencontres est donc un incontournable pour des collectifs vivants.

* Les besoins les plus couramment exprimés dans les projets collectifs sont :
  • à titre individuel : être respecté, considéré, nourri, ne plus être manipulé, pouvoir vraiment participer
  • à titre collectif : expérimenter de nouveaux processus qui garantissent le respect de chacun, tester de nouveaux rapports au pouvoir, être efficace dans l'opérationnel.


le lancement d'une réunion

Pour qu'un collectif perdure et que l'envie de faire ensemble grandisse, il faut que les gens se connaissent de mieux en mieux.
Les réunions, en plus d'être des moments de production ou d'organisation, doivent favoriser cette inter-connaissance.
Les "brises-glace" peuvent jouer ce rôle et il faut (presque) en abuser !
Les brise-glaces constituent des outils qui vont permettre de faciliter premiers contacts et premiers échanges.
On en distingue deux types.
  • Les premiers visent à l’échauffement et le développement d’une bonne ambiance au sein du groupe.
  • Les autres cherchent plutôt à ce que les participants se connaissent plus en détails.

Les points de vigilance


Prendre en compte le «physique», le culturel

Nous avons tous un rapport particulier avec le contact physique et notamment avec des personnes que nous ne connaissons pas. Pour certains ce n’est pas un problème, pour d’autres, c’est un véritable frein.
Dans certaines cultures c’est mal perçu.
Evitez d’utiliser un brise-glace trop «corporel» lors d’une première rencontre. N’oubliez pas que l’objectif est de réchauffer l’ambiance, pas de la glacer ;-)

Pas de brise-glace à tout prix !

Il n’est indiqué nulle part qu’il fallait absolument un brise-glace. Parfois s’abstenir est une bonne chose (en tout cas lors d’une toute première rencontre). C’est à vous, en tant qu’animateur, de ressentir si c’est une bonne idée ou s’il vaut mieux s’en tenir à un tour de table classique...

N’obligez pas !

Ne forcez personne à participer au brise-glace. L’effet serait contraire !

Bien réfléchir à l’objectif visé

Briser la glace pour connaître les prénoms dans un groupe qui s’est déjà vu 5 fois, c’est bof... Un brise-glace sert toujours un objectif et il convient de le choisir en fonction de celui-ci. Un groupe ne se connaît pas du tout, un brise-glace de prise de contact est une piste. Un groupe se rencontre depuis quelques fois, il est sans doute temps d’explorer les brise-glaces visant à augmenter la cohésion qui soudera le groupe durablement. Et puis si vous introduisez une séance de travail, le brise-glace peut aussi chercher à introduire la thématique de manière amusante et décalée.

Tenir compte du contexte

Le nombre de participants, la place disponible, le matériel présent, le degré de connaissance des participants entre-eux, votre état d’énergie sont autant de facteurs à prendre en compte pour déterminer le bon brise-glace. Et parfois, malgré une préparation minutieuse, il vous faudra le faire «en séance» en découvrant que le contexte a changé ;-)

Pas de saut dans l’inconnu ;-)

Sauf à être très bon animateur ou un peu casse-cou ne tentez pas un brise-glace que vous n’auriez pas déjà animé en milieu «ami» ou à minima que vous n’auriez vécu vous-même.

Deux brise-glaces à tester

Pour un groupe qui se découvre

La carte (de 5 à 20 personnes)
Chaque personne vient de quelque part. Demandez aux membres du groupe de se positionner les uns par rapport aux autres afin de constituer une carte des provenances la plus précise possible. N’oubliez pas de donner quelques points de repères (points cardinaux, grandes villes...) Une fois chacun placé, parcourez la carte en permettant à chacun de se nommer et de se présenter en une minute.

Pour un groupe qui se connaît déjà un peu

Deux vérités et un mensonge (de 2 à ... pers, comptez 4 min par pers)
L’objectif est de permettre aux participants de mieux se connaître et de s’apprécier en découvrant ce qu’ils ont en commun ou les expériences uniques des uns et des autres.
Demandez à chacun de réfléchir à 3 expériences ou faits sur eux-mêmes dont deux seront vrais et un sera faux.
Laissez un peu de temps à chacun.
Demandez à un participant d’énoncer ses 3 expériences.
La personne qui trouve le mensonge présente à son tour ses trois «vérités» et ainsi de suite.
Il arrive que l’évocation de certaines expériences amène des discussions plus approfondies entre les participants. A vous de juger s’il faut donner de la place à ses échanges.




Installer le cadre de confiance

La priorité est de créer un cadre de sécurité, des accords de groupe.
Pour cela, il faut que chaque personne puisse participer à l'élaboration des règles, bien les définir, les comprendre, les expliciter et les respecter.
La confiance peut grandir à partir de ce solide cadre de sécurité : une membrane sure et des règles communes comprises et respectées.
Les règles permettront à l'action collective d'avoir lieu, à la fois en stabilisant la coopération et en encadrant la compétition et l'égoïsme.
Sans règles partagées, une véritable entraide généralisée entre les membres d'un groupe a peu de chances d'émerger, et seuls apparaîtront des actes d'altruisme spontanés et quelques relations entre pairs.

image cadresecurite.png (0.7MB)

Comment poser un cadre ?

Soit le cadre est imposé

Si l'on pense qu'un certain nombre de prérequis sont essentiels au projet, le noyau porteur peut décider d'imposer une partie du cadre de confiance et assumer cette imposition.
Ceci à l'avantage de :
  • clarifier les conditions de jeu auprès des personnes qui souhaiteraient rejoindre le projet
  • ne pas empêcher l'évolution du cadre après coup
  • oblige le noyau du collectif à clairement réfléchir aux valeurs qu'ils veut installer dans le collectif à venir

Désavantages :
  • si les conditions d'entrée sont trop fortes, il risque de ne pas y avoir d'entrée (et donc de rester dans un entre-soi)
  • un cadre "subi" est un cadre moins respecté
  • la partie du cadre non coconstruite nécessite un garant "moins collectif"
  • Dans les zones "contraintes", c'est compliqué car on n'a pas toujours la possibilité de décider de ce cadre imposé
    • càd imposer un cadre à une personne qui nous rejoint "par obligation" (du coup elle ne peut pas décider si oui ou non elle accepte de jouer)

Installation
  • puisqu'il n'y a pas de marge de manœuvre sur cette partie du cadre : on le présente, et puis les gens se positionnent (ok ou pas ok ;-)
  • on peut par contre être très clair sur le fait que le cœur est imposé mais que la marge peut sans souci être affinée, étoffée.
  • On peut aussi expliquer que ce cadre est constitutif, est utile pour démarrer mais pourra être complètement changé par la suite en fonction des besoins du groupe.

Des exemples

Soit le cadre est co-créé

C'est la situation idéale (sachant que de toute façon ce cadre co-construit devient "presque" imposé pour ceux qui arrivent ensuite ! )
Ceci à l'avantage de :
  • faciliter l'adhésion de chacun à ce cadre puisque chacun en est "partie prenante" et co-rédacteur
  • facilite la "défense" de ce cadre puisque chacun en est le "garant"
  • permet un vrai premier travail de co-construction avec les membres, ce qui permet notamment de réfléchir aux valeurs que chacun est venu y défendre
  • permet aussi de rendre visible le fait que les collectifs sont aussi des laboratoires d'un "autre faire ensemble" (piste pour faire avancer nos sociétés)

Désavantages :
  • Ce type de cadre est moins facile à poser car il demande plus de temps
  • Ce type de cadre nécessite de connaître l'une ou l'autre technique d'animation (décision par consentement et autres méthodes)
  • Ce type de cadre co-construit l'est surtout au début car les "nouveaux" doivent le "subir" même s'il ont une possibilité réelle de le modifier (y compris le cœur)

Installation
  • Pour générer le contenu du cadre
    • on peut s'appuyer sur la méthode de l'opposé des contraires
    • on peut aussi utiliser le brainstorming pour faire émerger les besoins à "respecter"
    • on peut pratiquer cette méthode utilisée par le collectif Animacoop
  • Pour valider collectivement le cadre
    • le plus simple est la méthode de la décision par consentement (je peux vivre avec), et même plus au consensus (plus chaud) !


Exemple de cadre relationnel "facilitateur"

  • la règle de la spontanéité : chacun peut amener ses idées, tout peut être évoqué, discuté.
    • la spontanéité favorise l'investissement et l'appel aux initiatives
  • la règle de liberté : à l'intérieur des contraintes incontournables, chacun dispose d'une marge de manœuvre, d'un espace de liberté pour accepter ou refuser certaines propositions qui lui sont faites.
    • cet espace permet l'adhésion, la motivation, l'engagement.
  • la règle de restitution : certaines informations peuvent être ramenées dans le groupe même si elles circulent en dehors du temps de travail.
    • la restitution permet d'assurer et d'enrichir le développement d'un processus.
  • la règle de discrétion : il s'agit de garder à l'intérieur de l'équipe ce qui appartient à l'équipe et, si nécessaire, de choisir ensemble ce qui sera communiqué à l'extérieur.
    • la règle de discrétion permet de contribuer à l'instauration de la confiance
  • la règle de ponctualité : elle signifie que tout travail a un début et une fin.

Exemple de cadre en image

image les_regles_du_dialogue_accord_cadre.jpg (2.0MB)
ou
image ReglesIntelligenceCollectiverecomposeit.jpg (54.6kB)

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L'animation : quelques aspects


Animer c'est oser prendre des risques, c'est accepter de se mettre au service du collectif.
Animer c'est aussi un moyen de développer ses capacités, de transformer progressivement le trac en plaisir,
de recevoir de la gratitude...

Animer c'est un métier que l'on peut apprendre et partager pour créer dans nos projets perso ou pros des conditions d'action plus satisfaisantes.

image ensemble.png (0.5MB)

Sans humain : pas d'animation

Une intolérance croissante se développe à l'égard des réunions longues, qui privent chacun d'un temps devenu précieux et qui n'aboutissent à aucun résultat.
Plus les moments de partage collectif sont rares, plus les personnes s'attendent à ce qu'elles produisent des "résultats" (y compris en terme de relations humaines).
Le rôle d'animateur est de ce fait amené incontestablement à se développer.
Et il est bon de le rappeler, c'est un humain qui anime ;-)

Accepter l'imperfection

L'animation est un métier mais qui n'est pas réservé qu'aux pros !
Il y a un enjeu important à ce que ces compétences montent au sein du collectif, dans la société.
On peut donc décider d'expérimenter : Un collectif c'est aussi un groupe en transformation
A méditer :
  • "Etre imparfait permet aux autres de l'être aussi"
  • "Le trac vient avec le talent ! "

et décider de s'améliorer...

Dans un monde qui va vite, on peut travailler ses capacités en plus de ses compétences !
Une compétence demande du temps et pas mal de travail avant d'être acquise, parfois on est un "peu court"...
On peut attendre le héros improbable ou on peut décider de travailler ses capacités (à côté de ses compétences).

Une capacité est beaucoup plus liée à l'action, au geste (s'inscrit dans l'apprentissage selon Piaget : "apprendre par soi-même via l'expérimentation")
Kolb a modélisé l'apprentissage par l'expérimentation.
  1. Expérimentation par l'expérience concrète : je teste pour la première fois une nouvelle manière de faire ou de me comporter
  2. Observation réflexive : je tire de cette expérience une première observation du type : "j'y suis arrivé" ou "ça fonctionne" ou "j'ai obtenu ce résultat" ou...
  3. Raisonnement : je tire de cette observation des enseignements tels que "en faisant ainsi, j'obtiens ce résultat" ou "c'est parce que j'ai fait ainsi que ça a fonctionné"...
  4. Mise en pratique : je réplique l'action de l'expérimentation en l'intégrant à mes capacités standard

Trois qualités à travailler en priorité ?

Un animateur au service d'un collectif peut travailler en priorité sur ces 3 aspects :
  • La capacité d'écoute :
    • Êtes-vous sûr de savoir écouter ? Est ce que vous interrompez la parole ? Quand quelqu'un parle, vos pensées vagabondent-elles ?
    • percevez-vous les signaux faibles et non verbaux ?
  • Le travail avec le vide (c'est dur ;-) : laisser une place pour le vide permet l'expression des idées nouvelles
  • La gestion de l'imprévu : les choses se passent rarement comme programmées... (logistique, présents, temps...)

Même outil-méthode => même effet

"si tu veux obtenir des résultats que tu n'as jamais obtenus, utilise des méthodes que tu n'as jamais employées" ! Peter Senge
Les outils, les méthodes ne sont pas neutres !
Les outils et méthodes "classiques" ont pour la plupart montré leurs limites dans les processus collectifs, dans les rencontres.
Il est difficile de s'étonner du manque de participation ou de personnes présentes quand nos rencontres sont des copiés-collés de méthodes insatisfaisantes déjà vécues (excepté pour les militants prêts à tout ;-)
Il ne tient qu'à nous d'en changer ! ou à tout le moins d'essayer...
A méditer (mais c'est vite dit je suis d'accord ;-) :
  • "si on continue à faire des trucs chiants, c'est qu'on a peur..."
  • "Un être humain a aussi un cerveau droit, beaucoup moins analytique, qui peut être utilisé ;-)"
  • mais aussi "faire du nouveau juste parce que c'est nouveau... bof..."

Soigner la méthode d'animation, varier les plaisirs

Nous ne sommes plus dépourvus d'outils et de méthodes. Le web en regorge !
Il existe aussi de nombreux livres
Ce réservoir d'outils est à explorer mais aussi à détourner.
A méditer (mais c'est vite dit je suis d'accord ;-) :
  • Le plus gros frein à l'utilisation d'un outil est l'animateur (la technique étant souvent accessible, il reste à oser)
  • Si on fait toujours la même chose, c'est parce qu'on a peur... Si l'animateur ne le fait pas... qui le fera ?
  • Un outil au service d'un projet et pas un projet pour tester un outil (même si on peut jouer un peu, je pense)

Donner le ton , montrer l'exemple

Lorsqu'on souhaite plonger les participants dans un autre type d'animation, pourquoi ne pas le faire dès le début ?
Ce faisant on pose un cadre implicite qui peut (tout) changer grandement la suite de la rencontre.
Vous souhaitez que les gens participent ? Faites-les participer dès le début !
Vous souhaitez que les gens prennent part à la logistique ? Ne les faites pas entrer dans une salle toute prête !

On peut, en réfléchissant un peu et en fonction des objectifs de la rencontre, chercher à instaurer dès le début l'ambiance qu'on veut voir perdurer.

Par ailleurs, l'humain est un être mimétique !
  • Vous êtes cool => ils sont cools
  • Vous êtes gentil => ils sont gentils
  • vous êtes bienveillant => ils sont bienveillants
  • vous êtes partageur => ils partagent aussi

Un déroulé d'animation comme une onde

Préparer l'animation d'une rencontre nécessite de tenir comptes de quelques principes (dans l'idéal)
  • Le modèle du pendule invite à varier les temps de travail (entre phases plus "cool" et phases plus "productives")
  • Le travail en collectif et sous-groupe permet d'alterner phases plus créatives et phases plus productives
  • Les temps de pause (à prévoir) permettent la connexion des participants "hors contexte" (socialisation)
  • Le timing : avec des bénévoles, il est bon de restreindre le temps global de la rencontre (selon les objectifs)

Construire son déroulé en 3 étapes
  • on esquisse les grandes étapes : le fil rouge. La seule contrainte est celle du temps
  • on remplit en laissant libre cours à sa créativité
  • on recale le tout en prenant compte des contraintes (taille du groupe, lieu...)
image ensemble.png (0.5MB)
Quelques autres principes pour concevoir un déroulé sympa
  • Elaborer le déroule de manière cohérente : un déroulé c'est comme une histoire à raconter, en cohérence avec l'objectif
  • Mobiliser intégralement les participants : rationnel, émotionnel
  • Varier les mouvements dans l'espace : statique, en mouvement, dedans, dehors, différentes disposition de l'espace...
  • Jouer avec la taille et composition du groupe (sans oublier les temps de travail solo)
  • Varier les rythmes : contraindre le temps facilite souvent l'obtention d'un résultat
  • Créer de la surprise (tester du nouveau) mais aussi répéter (pour permettre l'appropriation)
  • Structurer la production : passer par l'écrit => quand une personne écrit, elle se prépare mentalement à la partager et à accepter que l'idée n'est plus sienne mais celle du groupe.
  • Dynamiser les restitutions (formats courts, éviter les redondances, alterner les orateurs, ajouter une touche ludique...)
  • Rester simple : quand on conçoit le déroulé, on se laisse parfois entraîner par ses envies... et on fabrique un déroulé trop complexe, irréaliste
  • Prévoir un plan B : l'imprévu est toujours à la porte ;-)

Créer des boucles de "révision", des rituels

En tant qu'animateur, élaborer une check-list des étapes à surveiller permet d'éviter les oublis et crée chez les participants une habitude, un rituel d'animation apaisant.
On peut penser par exemple :
  • à l'étape d'ouverture (météo, tour de bonnes nouvelles...)
  • à l'étape de pose du cadre (ou revalidation)
  • à l'étape du "quels prochains petits pas et pour qui ?"
  • à l'étape du "est ce qu'on se partage les rôles la prochaine fois ?
  • à l'étape de clôture sur le ressenti de la rencontre / si c'était à refaire ?
  • ...
A chaque collectif ses pratiques adaptées à son contexte
Les outils, les méthodes, les ambiances doivent devenir progressivement les acquis du collectif (à documenter).

Soigner la convivialité des rencontres : ESSENTIEL !

  • prévoir des temps informels
  • prévoir un temps d'accueil + à chaque fois que possible des moments pour que les gens se connaissent mieux
  • un environnement cool

Sept pièges à éviter pour l'animateur

Ceci n'est ni exhaustif, ni définitif...juste une piste à réflexion
  • Ne pas tenir le temps
  • Ne pas réguler les interventions inappropriées*
  • Apporter les solutions à la place des participants
  • Manquer d'impartialité
  • Oublier d'aller chercher les avis (de ceux qui parlent pas)
  • Focaliser les tensions sur soi (se retrouver en posture de justification et de débat)
  • Vouloir aller trop vite aux solutions

Animer à distance ?

Attention, avant de mettre en place les outils techno, il faut créer la reliance entre les gens. Faute de quoi, on connaît le résultat : des sites magnifiques et des groupes qui dysfonctionnent, une pensée qui s'appauvrit, des espaces collaboratifs peu utilisés.
On passe alors des heures à essayer de faire fonctionner des outils alors que l'on a pas encore commencer à faire se rencontrer nos intentions, nos rêves et nos ombres.

Comment choisir la taille du groupe ?

La taille des sous-groupes influence le travail qui y est mené.
  • 2 personnes : qualité d'écoute et cordialité mais peu d'esprit critique
  • 3 personnes : le sous-groupe est productif, c'est rapide et efficace
  • 4 personnes : c'est assurément une bonne taille pour susciter l'émergence de nouvelles perspectives et idées
  • 5 personnes : c'est instable, il y en a toujours un qui n'est pas d'accord : privilégié 4 ou 6 plutôt.
  • 6 personnes : c'est suffisamment grand pour pouvoir attribuer des rôles (secrétaire, gardien temps)...ça permet aussi de couper brièvement en 2 ou 3 sous-groupes
  • 7 personnes : taille bancale
  • 8 personnes : toute dimension d'intimité est perdue. A moins d'avoir un animateur dans le groupe, la qualité des travaux s'avère aléatoire

Comment faire face aux perturbations ?

La posture de l'animateur face aux phénomènes de résistance est essentielle. La pire stratégie consiste à s'opposer au groupe ou aux individus qui résistent en les forçant à suivre telle ou telle consigne. Les effets boomerang peuvent être violents. Devant une résistance collective, le plus sage consiste à prendre en compte la résistance et à adapter son déroulé en conséquence.
Devant une résistance individuelle, on peut recadrer via :
  • le registre non verbal (un regard, un geste)
  • le registre paraverbal : variations d'intonation ou de volume
  • le registre verbal : questionner le sens de l'intervention, invoquer le timing, reformuler et redonner la parole au groupe
  • le registre des outils : rappeler le cadre, utiliser " la mise au frigo" (j'ai entendu, je note et on traite plus tard)


La co-écriture

Les notes chacun de son côté, c'est pas très collaboratif ;-) et ça ne permet pas la rédaction collective de savoirs (projets, idées mais aussi traces des réunions...) Pouvoir rapidement créer un espace numérique de notes partagées (sans complication et sans mot de passe) est un atout essentiel de l'animateur de projet collectif. Bonne nouvelle, c'est facile (et gratuit !) grâce aux "pads"

Alors que nous sommes tous ou presque connectés, et que les outils numériques devraient nous aider,
  • nous ne parvenons pas à organiser l'amont et l'aval de nos réunions avec nos partenaires, nos citoyens sans être inondé de mails,
  • nous ne savons pas comment partager la prise de notes durant les réunions, comment favoriser la participation durant les réunions, comment inclure les apports de ceux qui peuvent pas être là "physiquement".

Cette situation découle de l'utilisation quasi exclusive du mail dans des contextes qui ne lui conviennent pas (et c'est normal, on nous a pas appris, on nous a dit, il faut coopérer, voici un ordinateur...) du coup, on utilise l'outil qu'on connait comme si c'était le seul jusqu'à être nous même noyé dans nos mails et les réponses qu'ils engendrent !

Bon sang qu'il serait pourtant agréable de pouvoir par exemple sur un seul et même document
  • créer un OJ et permettre aux participants de l'amender, le compléter avant la réunion
  • d'utiliser ce même doc en réunion pour collecter les discussions (et pourquoi pas collectivement) / de rendre visible les apports de chacun et pourquoi pas même de tenir compte des questions et apports de ceux qui ne peuvent être là physiquement
  • pour ensuite, toujours sur ce même doc, mettre le projet de PV en discussion pour finir par un PV figé !
Bonne nouvelle, ceci est possible dès demain, sans compétences techniques et dans quasi tous les contextes de travail ;-) avec un PAD
Terriblement simple car il "suffit" d'une connexion web (et encore on peut faire sans si nécessaire) / pas de compte, pas de login, c'est parti !

Le pad permet de créer un espace où :
  • on peut collectivement et simultanément prendre des notes
  • on peut donner son avis même si on ne peut être physiquement présent à la réunion (on peut le coupler avec une vidéoconférence)
  • on peut laisser les participants donner leurs avis AVANT et APRES la réunion
  • on peut faire une réunion, un débat en rendant visible les apports de chacun
  • on peut terminer une réunion avec un compte-rendu quasiment rédigé
  • on peut collecter des questions (en réunion publique)
  • on peut faire un site web ultra simple
  • on peut faire un doodle très simple
  • liste non exhaustive !!!
  • je me rends sur www.framapad.org (j'en profite pour glisser site web dans mes favoris !)
  • je clique sur créer un pad (un pad est généré automatiquement). Si je souhaite pouvoir choisir son nom, je clique sur "option"
  • le pad s'affiche avec un petit message explicatif que je peux enlever une fois lu
  • pour partager le pad, il me suffit de communiquer son adresse url
  • dès que la personne clique sur le lien, elle arrive sur le pad
  • je vois le nombre de personnes connectées en haut à droite à côté du petit bonhomme
  • en cliquant sur celui-ci vous pouvez par ailleurs vous "nommer" et vous choisir une couleur de note
Vous trouverez aussi dans la barre de menu
  • une petit horloge qui vous permettra de voir l'évolution des notes réalisées sur votre pad (c'est un historique)
  • une étoile qui vous permettra de "sauver" un état particulier de votre pad et d'y revenir plus facilement
  • le rôle du secrétaire
    • souvent peu envié mais en même temps rôle "stratégique"
  • la notion de pouvoir / du faire ensemble (vraiment)
    • si chacun peut modifier les notes de chacun, qui a le pouvoir ?
    • si il n'y a pas de barrière d'accès, il faut changer de point de vue... gérer à posteriori les risques plutôt que fermer à priori
  • la notion de partage, de visibilité
    • si je montre en réunion ce qui est "noté", je rassure, je suis transparent, je peux reformuler => je fais baisser le risque de participer
=> on voit bien que le pad pose énormément de questions sur nous, plus que sur la technique
Pour faciliter son utilisation
  • commencer en présence
  • projeter la prise de notes
  • oser le faire (au début on est seul mais très vite on l'est moins !)
  • activer quelques suiveurs - complices
  • inviter à poursuivre à distance / inciter à participer
  • faire des fautes dans les noms
  • faire confiance à la communauté
  • refaire ... ça va prendre ;-) certains vont râler... beaucoup vont apprécier !
Pour gérer la prise de notes à plusieurs
  • au début ça perturbe... ça prend notes en bas et en haut ... plusieurs fois la même chose.. impression de désordre mais
    • c'est normal, on s'approprie l'outil (et ses limites), ça soulève des questions, notamment sur ce qu'on veut faire ensemble et comment...
    • rapidement, des rôles se dessinent (tapeuraukm, correcteur, metteur en page, structurateur...)
  • Il est possible quand on a un peu d'aisance, de se dire qu'un ou plusieurs d'entre nous captent des infos spécifiques durant la réunion et le place dans un endroit spécifique du pad (les tâches @qqlun ou des infos importantes #décision ou #agenda...)
  • Parfois en fin de réunion, le pad reste "brouillon", on peut alors de prendre un temps collectif pour en 5 minutes faire un "rapport d'étonnement" en haut du pad qui en 10 ou 15 lignes reprend l'essence des discussion (le détail se trouve en dessous pour ceux qui veulent lire)
  • Attention, un pad n'est pas un espace de stockage, sa durée de vie est limitée... faites en un espace de travail qui vit, pas un espace de stockage !
  • Attention à ne pas perdre url / inclure dans un wiki ;-)
  • c'est ouvert, très ouvert / mais ne surestimez vous pas les risques ?

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la circulation des infos dans le collectif

La circulation des infos, de la parole, tel un fluide vital, est un enjeu central pour le collectif et pas seulement un moyen pour atteindre des objectifs d'action.

La circulation de la parole dans le groupe est à l'image de celle du sang qui vitalise le corps humain. Prenons-en soin

image coeurfaux.png (0.4MB)

Les risques de zones mal informées

S'écouter n'est pas simple... et de nombreuses réunions avancent peu, faute d'interruptions permanentes ou de confiscation de la parole.
Certains peinent à pouvoir se taire, d'autres à oser parler (croyant n'avoir rien d'intéressant à apporter ou en signe de désaccord ou de colère).
Quelles que soient les explications de ces comportements, leur impact sur le groupe est réel.
Apprendre à partager la parole est vital dans un collectif.

De même, lorsque les conditions (techniques ou d'animation) conduisent, de manière fortuite ou volontaire, à une disponibilité différente de l'information selon les membres du collectif, il peut vite naître un sentiment de frustration et de démotivation. Sentir qu'on ne dispose pas de toutes les infos, c'est se sentir "de seconde zone" et c'est souvent démotivant. L'accès à l'information est une condition essentielle à la participation.
En plus, le manque d'information rend souvent inefficace. De même, il se pourrait bien qu'une information non accessible soit "inutile" ;-)

Ceci étant, et même si l'animateur doit veiller à ce que l'information circule le mieux possible dans le collectif (ou soit accessible à tous à minima), il est parfois tout aussi démotivant d'être noyé par trop d'information (infobésité) ou de savoir que l'info est quelque part mais sans savoir où...
Le vocabulaire est aussi parfois source de souci dans les grands collectifs.

=> La circulation des infos, de la parole est un enjeu central pour le collectif et donc un rôle important de l'animateur

Il existe un équilibre subtil que l'animateur peut essayer d'atteindre

Entre holoptisme

C’est une façon de rendre visible les échanges : leur nature, leur volume, qui donne, qui reçoit… Il permet de voir où se trouve les ressources. De fait il permet à chacun d’avoir une vision de soi et du Tout. Ainsi chacun peut adapter son comportement en fonction des autres.
image Capture_decran_20200107_a_163301.png (59.4kB)

et panoptisme

Le panoptisme se caractérise par la mise en œuvre de solutions (technique, juridique, procédure, …) ayant pour objectif de cacher des informations, des points de vue à certaines personnes et donc de permettre à d’autres d’y avoir accès. En général, le panoptisme est associé à des structures pyramidales.

1 : En présence, on travaille sa p osture

A titre personnel (et comme une invitation indirecte)

Ralentir ma parole
  • Ralentir la conversation peut être un cadeau pour tous
Respirer avant de parler
  • Prendre le temps d’une longue respiration avant de parler permet d’aller chercher des mots et des réponses que le pilote automatique (les lieux communs, les comportements imposés par la politesse ou la morale) n’offre jamais. Respirer désactive ces mécanismes et permet de lâcher prise sur le besoin pressant de contrôler la conversation. Ce faisant, on s’offre du temps et on s’ouvre à ce que l’autre vient de dire, même si on se sent en désaccord.
Offrir mon écoute
  • Dans des groupes où chacun s’interrompt et se répond sans laisser de répit, les humains se jettent sur le temps comme des prédateurs — le plus fort, le plus agile, le plus rapide, le plus malin obtient la plus belle part. En tant qu'animateur, lorsqu’une personne m’interrompt, je peux m’arrêter et la laisse parler. Elle n’a "plus envie" de m’écouter, alors pourquoi forcer ? Je rends ma parole et mon écoute disponibles. Je parlerai ensuite ;-)
Changer de point de vue : l'attention réciproque
image A4attentionreciproquee1521102441743.png (0.2MB)

Au bénéfice du collectif

Il existe de nombreuses possibilités pour se partager la parole, le tout est que la règle, comme n’importe quelle règle, soit définie avant qu’on ait besoin d’y recourir…
On jugera selon le contexte, le groupe, les objectifs s'il est opportun d'instaurer une règle ou de laisser la parole "libre"
Durée maximum de prise de parole.
  • Soit définitive : à 3 minutes, c’est fini.
  • Soit, à 3 minutes, la personne en charge du temps fait un signe aux participant-e-s, qui peuvent soit accepter que la personne continue de parler, soit la faire arrêter en se manifestant par un signe ou un bruit convenu par avance.
Avec cet outil en ligne, on peut suivre le temps de parole de jusque 36 personnes si besoin : http://chronometre.minuteur-en-ligne.fr/plusieurs-chronometres

Nombre maximum de prises de paroles par personne
cela peut se matérialiser par des tickets de parole.

Règle de non-réaction pendant une prise de parole
un bâton de parole peut matérialiser le fait que seule la personne qui a le bâton en main peut parler.

Laisser les gens aller jusqu’au bout de leur propos
dire « je prends » quand on prend la parole, et dire « je laisse » quand on a terminé. Tant que la personne n’a pas dit « je laisse », on ne peut pas l’interrompre.

Liste d’inscrit-e-s pour les tours de parole : désigner un-e responsable.
Cette personne est en charge d'établir une liste des demandes de prise de parole.
Double liste
  • priorité aux personnes qui n’ont pas encore pris la parole (si une personne n’ayant pas encore pris la parole la demande après une personne l’ayant déjà prise, on lui donne la parole avant celle-ci : ceux qui ont déjà pris la parole ne parleront à nouveau que si personne n’ayant encore jamais parlé ne demande la parole).
Triple liste
  • priorité aux personnes qui n’ont pas encore pris la parole + à celle que l’on définit comme ayant plus de freins pour prendre la parole (les femmes, les personnes maîtrisant mal le français, les personnes qui viennent pour la première fois…).

2. En présence, on s'appuie sur des méthodes d'animation

Nous pouvons aussi nous appuyer sur des méthodes d'animation tel que le FishBowl, le bâton de parole.

3 : A distance, on utilise les outils numériques pour poursuivre les échanges

Ces outils numériques permettent de poursuivre la circulation horizontale des informations dans le collectif entre les moments en présence.

Des outils numériques à gérer, à animer

Sans gestion-animation, ces outils peuvent rapidement devenir contre productifs !
Rien de plus frustrant en effet que d'être noyé sous de l'information inutile ou non ciblée.
L'infobésité est déjà compliquée à gérer à titre personnel, il est donc nécessaire :
  • que ces outils soient animés
  • que chacun soit outillé pour pouvoir gérer "au mieux" ce flux d'information

En tant qu'animateur de projet

  • j'anime et je gère les échanges sur la liste de discussion ou dans le framateam afin que ceux-ci restent en phase avec le cœur du projet.
    • je peux aussi informer et former d'autres membres à la gestion des échanges (modération des échanges sur le liste de discussion, type de messages à envoyer en cas de dérapage...)
  • je mets à disposition et forme les membres du groupe sur les méthodes et outils qui permettent de se faciliter la vie dans la gestion du flux

Des informations à extraire du flux

Les informations "de flux" sont intéressantes mais rapidement inaccessibles (et ce d'autant plus que le temps passe).
Il faut pouvoir extraire du flux les informations de contenus qui doivent rester accessibles et les trier pour les stocker "ailleurs".

En tant qu'animateur de projet

  • je peux capter les informations de contenus intéressantes et les mettre à disposition de tous dans un espace hors flux (type wiki) si possible en les ayant catégorisées (pour une recherche plus aisée => on passe d'un classement par le temps à un classement par catégorie)
  • faire monter en compétence des membres du collectif pour le faire rapidement à plusieurs
  • revenir vers le collectif à travers l'outil de discussion à intervalle régulier pour préciser ce qui a été extrait et qui est maintenant disponible pour tous
  • mettre en place une "gare centrale" via laquelle, chacun peut retrouver les infos importantes (PV, décision, outils, charte, ressources partagées...)



3. Il faut oublier l'immortalité !

Un projet pour toujours ou avec une fin ?

C'est une tendance naturelle ;-)
Nous les humains conçevons nos projets comme s'ils ne devaient jamais mourir !!
Du coup, on a souvent du mal à y mettre fin quand ils n'ont plus de raison d'être.

Il peut dès lors être très utile de définir un cycle de vie adapté au projet, qui correspondra à une durée au-delà de laquelle le groupe ne peut pas fonctionner correctement sans se voir. A chaque cycle, on prend ainsi le temps de faire le point, d'intégrer les évolutions du contexte et de vérifier qu'il y a toujours une raison d'être et une appétence à la continuité du groupe. Questionner régulièrement la mort devient un rituel incontournable qui permet aussi de célébrer les réussites, au-delà de la simple assemblée réglementaire annuelle. Ce cycle constitue un marqueur : si le groupe ne parvient pas à se retrouver assez régulièrement c'est que le projet doit être arrêté ou mis en sommeil.

S'il est préférable d'avoir préparé la mort d'une structure dés le départ pour favoriser la réutilisation de toutes les richesses créées, il n'est jamais trop tard pour s'y mettre. Ainsi, même si l'on prend conscience du manque de capitalisation des ressources au moment de la fin du projet, il est toujours temps de fournir un effort et de profiter d'un dernier souffle d'énergie pour rendre, au bout du compte, l'aventure la plus profitable possible ! Préparer la mort sous-entend avoir définit les éléments qui, s'ils sont remplis, feront que l'on considère le projet finit.

Mener une ultime opération de capitalisation des ressources permettra de réaliser le chemin parcouru, de s'assurer de la réutilisation des richesses produites, d'offrir à chacun de partir avec une ressource de départ qu'il pourra réimplanter dans d'autres projets... et de célébrer toutes les victoires passées, souvent occultées par l'omniprésence du sujet de la mort. Composter ses ressources en organisant un dernier sprint de documentation avec les contributeurs actuels et passés permettra très certainement au projet de mourir dans la joie !


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Petit précis de compostabilité des projets

La compostabilité : pour un écosystème de projets vivaces

Emballages, meubles, téléphones, ordinateurs, gadgets... chaque objet qui nous entoure est consommateur de ressources naturelles. Le temps où nos créations donnaient lieu à des déchets capables de se décomposer est maintenant loin derrière nous. Problème : lorsque l'on produit des objets trop complexes pour se recomposer d'eux-mêmes, nous accumulons une dette technique qu'il nous faudra un jour assumer.

Pour limiter l'impact et le nombre de ces déchets, de nombreuses solutions se développent et une multitude d'expérimentations sont en cours : mouvement zéro déchet, bacs à compost, repair cafés, ressourceries, etc.

Qu'en est-il lorsque l'on aborde une autre des productions humaines, omniprésente à l'ère du numérique : celle des connaissances ? La seconde vie des idées, de l'immatériel, de nos projets reste un impensé alors même qu'ils sont le fruit de notre énergie vitale, ressource irremplaçable s'il en est.

Mais alors, à quoi ressemblerait une ressourcerie des idées ? Ce texte propose une réponse exploratoire à travers la notion de « compostabilité » développée par Laurent Marseault.

image piano.jpg (0.2MB)
piano en berry - cc by sa - Romain Lalande
Parce qu'elle part de l'observation de la nature et qu'elle vise à en étendre les enseignements à tous nos projets, cette petite allégorie s'adresse à tous. . . pourvu d'être capable d'un peu d'abstraction !

Ce qui vit est compostable


Nous vivons sur une planète vivante (et donc limitée) qui obéit au moins à deux règles fondamentales :
  • 1. Tout n'est que poussières d'étoiles : la matière qui constitue toute chose est composée de petits atomes, fabriqués au moment du Bing Bang il y a 13 milliards d'années ;
  • 2. La nature se réorganise en permanence : chaque brique qui compose chaque chose se décompose à un moment donné, puis va se réassembler pour redonner de la matière.

Partant de ce principe, toute chose vivante est nécessairement compostable. Une feuille peut s'envoler sur 200km, se décomposer puis se recomposer sous l'effet de petits organismes qui recréent du vivant ; le vivant porte ainsi en lui les conditions de sa propre compostabilité.

Parlons de nous et faisons l'hypothèse qu'en tant qu'êtres humains vivants nous soyons mortels. Convenons qu'il est alors possible qu'en tant qu'individu, qu'en tant que bénévole ou qu'en tant que salarié l'aventure s'arrête un jour. Pour chaque projet auquel nous contribuons le constat est le même : un concours de circonstances a provoqué le début d'un processus qui tend invariablement à s'éteindre.

C'est cette mort programmée et inéluctable qui doit nous pousser à travailler très en amont sur les conditions de compostabilité des projets. . . au risque de fabriquer des agrégats qui ne puissent se recomposer ! C'est là tout l'enjeu du principe de compostabilité : préparer la mort des projets et permettre à chacune de leurs composantes de se réassembler à d'autres endroits et potentiellement avec d'autres personnes.

Partager sincèrement pour pouvoir re-composer

Bien souvent, on ne réfléchit pas à la compostabilité des projets lors de leur conception (quels éléments méritent d'être réutilisés, sous quelle forme, où les mettre à disposition,...). Même lorsque l'on décide de rendre disponible ces ressources auprès des autres, cela ne suffit généralement pas à leur assurer une seconde vie. Il faut dès lors réfléchir à la meilleure méthode pour permettre à la matière produite (les contenus, les données, l'expérience due à nos échecs et réussites,...) d'être réutilisée indépendamment de tout contexte d'usage.

Si l'on souhaite continuer à vivre sur une planète vivante il faut incontestablement respecter les règles fondamentales du vivant. Si l'on accepte de fabriquer petit à petit des organisations humaines non-compostables, nous acceptons de facto la création de matière inerte, non utilisable voire polluante à l'échelle de l'existence humaine. Utiliser notre énergie vitale pour produire des éléments qui ne vivent pas au-delà de nous-même, ce serait alors se couper du vivant.
Prenons pour exemple un grand mouvement d'éducation populaire, qui relève un défi impressionnant avec la création de son MOOC (cours collectif en ligne) sur la gouvernance partagée qui totalise 26 000 inscrits en 2015. De nombreux contenus vidéos sont alors placés sous des licences qui en permettent légalement la réutilisation une fois la formation terminée (CC BY SA). Malheureusement ces contenus sont trop contextualisés et ne peuvent pas servir d'autres usages. Trop d'éléments de contenus liés au MOOC ne permettent pas de bien profiter de la vidéo en dehors de ce cadre. Toute l'énergie investie dans la création de ces ressources est donc perdue puisque le partage est « légal » (grâce aux licences) mais pas « sincère » (du fait de la contextualisation des contenus).
Il aurait fallu séparer dès le montage les éléments propres à l'organisation du cours en ligne de ceux traitant simplement du sujet. A l'instar de l'adage « écrire pour être lu », une ressource sincèrement mise à disposition est « partagée pour être utilisée » !

Le vivant commence là où la mort se prépare

Une fois assimilée, la compostabilité des projets permet d'envisager très en amont nos actions et de développer des automatismes fertiles. C'est une manière de se dire « ce que je crée va mourir, je vais mourir, alors comment faire pour que cette énergie que je pose là puisse être utilisée par tout le monde ? ». Se poser cette question, c'est préparer la mort des projets. Pas dans le sens d'un délire paranoïaque et morbide, mais en prenant conscience que notre seule contribution au monde, c'est ce que nous auront réussi à sincèrement partager.

En écho, le risque d'une mort non-préparée, c'est de s'obliger à continuer à agir, à vivre des expériences, à rassembler des choses, à agréger, sans jamais prendre le temps de penser la transmission de cet héritage. On crée alors une chimère, un projet que l'on va sans cesse persister à nourrir sans jamais en remettre en question le sens et sans accepter qu'il ne s'arrête. Il est donc indispensable de ritualiser le traitement de ce que l'on souhaite transmettre au jour le jour pour s'autoriser à mettre fin à un projet au moment opportun. Capitaliser ses ressources permet d'accepter la fin d'un projet pour redémarrer ailleurs ou différemment sur des bases déjà acquises. C'est aussi permettre en temps réel à ce qui est expérimenté quelque part et jugé efficace d'être répliqué ailleurs.

Instaurer une périodicité minimale de rendez-vous et y intégrer des temps de capitalisation (de mise en forme partageable) des productions est indispensable. Ce cycle peut ensuite se répéter indéfiniment ou ne se réaliser qu'une fois, il suffit à rendre réutilisable par soi et par d'autre l'intégralité de l'énergie investie. La mise en place de cycles récurrents permet aussi d'assurer la vie du projet : la durée de ce cycle correspond à la fréquence minimale de rencontres nécessaires à la vitalité du projet. En dessous de ce seuil, le projet ne peut survivre et c'est le signal qu'il faut y mettre fin - ce qui n'est pas si grave si tout ce qui a été produit est réutilisable immédiatement par tous !

De la compostabilité, il faut donc retenir trois choses :
  • 1. elle se pense et se prépare très en amont,
  • 2. elle permet de mettre fin aux projets lorsque nécessaire tout en leur assurant un nouveau départ,
  • 3. elle nécessite le partage sincère de l'ensemble des ressources produites.
Rendre son projet compostable, c'est fertiliser les idées en les partageant et tendre vers des organisations plus vivantes, vivaces et vivables.



la création d'un site web

Dans un collectif (plus encore dans un collectif dynamique), les infomations, procédures, documents, membres s'accumulent.
A tel point qu'il devient vite impossible de retrouver les infos utiles à l'action ;-(
Qui plus est, les portes d'accès se multiplient, les adresses url s'empilent...

Un site web devient vite incontournable pour promouvoir le projet et faciliter la vie des mmbres du collectif.

image echangeurautoroute.png (0.8MB)

Il existe une multitude d'outils numériques pour créer des sites web, à tous les prix et avec plusieurs niveaux de complexité, et capacités.

Un choix partial : Yeswiki


YesWiki est né de vos envies, de vos besoins, de vos idées, vos critiques et nous espérons qu'il grandira avec votre soutien.
Il est porté par une bande d'amis issus notamment de l'éducation populaire, et de l'éducation à l'environnement en France et en Belgique. Il a été principalement conçu pour aider les collectifs à "faire ensemble".

Wiki Wiki signifie rapide, en Hawaïen.
  • Tout le monde peut modifier la page.
  • En contre partie d'une grande facilité de modification, on gère aussi une capacité à revenir en arrière à n'importe quel moment : on garde l'historique des modifications.
> Par ces deux principes, les Wikis sont des dispositifs permettant la modification de pages Web de façon simple, rapide et interactive.

YesWiki fait partie de la famille des Wikis. Il a la particularité d'être très facile à installer, en français.
ça sert à faire facilement un espace internet potentiellement collaboratif
  • ça sert à avoir la main sur son site dont le contenu est modifiable d'un simple double-clic
  • ça sert à questionner la question du pouvoir
  • ça sert à monter des projets à plusieurs (et c'est peut-être mieux que de le faire avec les outils de google)
  • et ça sert à montrer que les projets à plusieurs sont réalisables et efficaces
  • ça sert à démystifier internet
  • ça sert à faire des bases de données encore mieux que Google formulaire
  • ça sert à repérer les personnes qui souhaitent vraiment coopérer, (les autres disent que n'importe qui va changer leur nom)
  • ça sert à repérer les informaticiens qui voient dans la coopération des failles de sécurité
  • ça sert à enlever le mot de passe pour pouvoir agir
  • ...
Le développement de Yeswiki vise à respecter les critères de l'outil convivial (notamment décrit par Ivan Illich) :
  • augmenter l'efficacité des collectifs, des gens qui veulent faire ensemble
  • augmenter l'autonomie des collectifs, des personnes en veillant à ne pas enfreindre "la capacité à", "le pouvoir de"
    • en mettant à disposition une documentation écrite par des gens comme vous ;-)
    • en rendant son code source ouvert et modifiable selon les besoins de chacun => https://github.com/YesWiki/yeswiki
  • donner envie d'être utiliser dans d'autres contextes, d'autres collectifs

Les spécificités de YesWiki

YesWiki a été conçu pour rester simple.
Il a été cependant pensé pour que des fonctionnalités cachées, installées par défaut, puissent être activées au fur et à mesure de l'émergence des besoins du groupe.
Pour cela on pourra facilement dans YesWiki
  • modifier une page par simple double-clic
  • modifier les menus
  • gérer des ergonomies différentes au sein d'un même wiki
  • changer l'apparence des pages (colonage, style graphique...)
  • élaborer une base de données coopérative puissante
  • avoir des rendus variés de cette base de donnée, sous forme
    • d'agenda
    • de carte
    • de listes
    • d'annuaire, trombinoscope
    • album photos
    • de flux d'information...


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Le partage sincère

Voici encore un concept bien étrange... Le partage pourrait donc être "non sincère" ?
Ceci aurait-il des conséquences sur nos projets collectifs ?
Lorsqu'on démarre un projet collectif, on a souvent pas la conscience, ni l'envie ou le temps d'aborder les conditions du partage de ce que l'on va, plus que certainement, produire ensemble (produire est quasiment une finalité des projets collectifs, sinon on parlera plutôt de communauté d'échanges).
Il est vrai que c'est assez peu dans l'air du temps et puis, avouons que c'est pas la partie la plus amusante.
Presque, on pourrait considérer qu'elle serait malvenue, mal perçue dans cette ambiance si bienveillante de ce début de projet.

Et pourtant !

Le droit (et singulièrement le droit d'auteur), tel qu'il est conçu aujourd'hui ne facilite pas la production collective et encore moins son partage.
Une oeuvre collective (sous des formes diverses) nécessite l'accord de tous pour pouvoir être diffusée.
Rarement ce point est discuté en début de projet et ne revient sur la table que lorsqu'il s'agit de communiquer, partager l'oeuvre "en dehors du collectif".

A ce moment, les égos resurgissent souvent et finissent (parfois...souvent...) par empêcher la sortie de l'oeuvre faute d'accord de tous...
Voilà une source de démotivation énorme pour le collectif qui bien souvent ne s'en remettra pas...

Réfléchir à la question du partage dans un collectif c'est s'obliger :
  • à se poser la question du pourquoi on est là,
  • qu'est ce qu'on veut faire ensemble, produire ensemble
  • qu'est ce qu'on est prêt à partager pour ce faire (vraiment partager)
  • et pour qui on produit tout ça (juste pour nous ? )

Et puis ça oblige aussi à s'interroger sur la société qu'on désire mais aussi sur ce que le partage a permis jusqu'aujourd'hui !
  • le feu, les lettres, l'html, la roue : heureusement tout ça existe et peut s'utiliser sans royalties...
  • la propriété intellectuelle est en train de tout "privatiser" (des lettres, des liens url, des noms communs, des objets banals...)

En gros ça oblige à faire collectif ;-)

Ces ressources par exemple, sont sincèrement partagées avec vous

Elles sont disponibles selon la licence creatives commons CC BY Sa 4.0
Vous êtes autorisé à :
  • Partager, copier, distribuer et communiquer le matériel par tous moyens et sous tous formats
  • adapter, remixer, transformer et créer à partir du matériel
  • pour toute utilisation, y compris commerciale.
Selon les conditions suivantes :
  • attribution : Vous devez créditer l'auteur, intégrer un lien vers la licence et indiquer si des modifications ont été effectuées à l'oeuvre.
  • Partage dans les mêmes Conditions : Dans le cas où vous effectuez un remix, que vous transformez, ou créez à partir du matériel composant l'Oeuvre originale, vous devez diffuser l'Oeuvre modifiée dans les même conditions, c'est à dire avec la même licence avec laquelle l'Oeuvre originale a été diffusée.

Mais un grand pouvoir implique aussi une grande responsabilité

image Gardien_des_ressources.png (94.6kB)


Et si nous retrouvions le chemin de l'humilité ?

Notre égo aime être flatté et quoi de mieux que de pouvoir s'ériger en "inventeur" d'un nouveau produit, d'une nouvelle méthode pour cela !

Et quand l'invention est là, bon sang qu'il est difficile d'accepter qu'en fait, ce n'est souvent qu'une "recombinaison d'existants".


image ensemble.png (0.5MB)

Et pourtant : rares sont les inventions

Selon le dictionnaire, inventer, c'est créer quelque chose de nouveau. (quelque chose ou un savoir, une méthode...)
Mais si l'on regarde le processus d'invention, il revient de plus en plus souvent à combiner de l'existant pour "produire du nouveau".
Alors oui on a bien inventé mais en fait on a surtout recombiné...

Combien des méthodes d'animation utilisées aujourd'hui (et parfois vendues à prix d'or) ne sont en fait que de simples copies ou recombinaisons de méthodes existantes (et parfois "volées" à ceux qui les ont construites au fil du temps)

Prenons donc le temps de la réflexion avant de crier que l'on a "inventé" quelque chose de nouveau...
Et ensuite mesurons jusqu'à quel point cette "re-combinaison" d'éléments existants nous appartient vraiment (ou pas ;-)


Pour les plus intéressés, un petit tour par l'astrophysique vous permettra de découvrir que tout ce qui compose l'univers et notre monde n'est que recombinaison de quelques particules élémentaires nées il y a 13,8 milliards d'année... depuis rien de nouveau sauf dans les recombianisons !