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Le cadre de confiance
Le cadre de confiance
Sans membrane : pas de vie
L'apparition de la vie est intimement liée à l'apparition de "la membrane".
Prenez une cellule vivante. Elle est constituée d'une membrane lipidique qui l'isole du monde extérieur.
Cette membrane joue quatre rôles.
elle contient
elle protège
elle garantit une identité car à sa surface se trouvent des signes distinctifs
elle filtre les échanges avec l'extérieur. La cellule peut décider ce qui rentre et ce qui sort. Il ne s'agit jamais d'un mur infranchissable !
Enfin, et c'est important, une membrane n'est pas une structure préexistante. elle est fabriquée par la cellule elle-même qui l'entretient tout au long de sa vie.
Être vivant c'est maintenir un fragile équilibre, une imperceptible tension, entre le dedans et le dehors, entre l'enfermement et l'ouverture totale.
Ce qui caractérise un être vivant, ce sont les qualités et les quantités d'échanges qu'il réalise avec l'extérieur. => Ce qui vaut pour une cellule, vaut aussi aux échelles supérieures. (organes, individus, groupes...)
Pourquoi un cadre de confiance pour le groupe
Les groupes d'individus, quelle que soit leur taille, possèdent aussi des membranes, immatérielles, qui fonctionnent selon les mêmes principes et qui se constituent de l'intérieur.
Cette membrane permet de créer au sein du groupe un sentiment de sécurité, indispensable pour pouvoir laisser s'exprimer chacun des individus qui le composent.
Si la membrane est bien faite, si tout le monde a intégré la raison d'être du groupe, l'objectif commun partagé alors, chacun peut voir l'autre comme un allié.
La force de cohésion d'un groupe est notamment liée à la qualité de sa membrane.
Les risques de zones non cadrées
Pas de cadre
Lorsqu'il s'agit de mettre en place un collectif, on a paradoxalement l'habitude de faire confiance à notre intuition, au naturel, alors que tout cela demande au contraire une connaissance fine des mécanismes qui sont en jeu. L'instauration d'un cadre fait partie de ces mécanismes qui permettent à l'entraide d'apparaître. Sans cadre, pas de confiance possible (en tout cas sur le moyen et long terme). Dès la fin des premiers moments "de grâce", l'absence de cadre empêchera le groupe de gérer correctement les "soucis" qui immanquablement arriveront. Chacun se reconstruira dans l'urgence une petite membrane de sécurité personnelle et s'en sera terminé de l'entraide et de la coopération. Ceci marquera plus que certainement, la mort du groupe (sous cette forme)
Cadre trop poreux ou mal défini
Une membrane trop poreuse ou mal définie cause chez les membres du groupe un sentiment de malaise et d'insécurité.
Or, sans sentiment de sécurité, chaque individu se recroqueville et reconstruit dans l'urgence une petite membrane autour de lui.
Avec un cadre mal défini, le risque est de voir s'exprimer des plaintes de la part de ceux qui ne l'acceptent pas comme tel, des remarques, voir des actes de sabotage ou de boycott, ce qui met en danger le sentiment de sécurité du groupe.
Les règles permettront à l'action collective d'avoir lieu, à la fois en stabilisant la coopération et en encadrant la compétition et l'égoïsme. Sans règles partagées et clairement définies, une véritable entraide généralisée entre les membres d'un groupe a peu de chances d'émerger, et seuls apparaîtront des actes d'altruisme spontanés et quelques relations entre pairs.
Trop de cadre
Ça on a déjà en entreprise, c'est bon ;-)
Un cadre doit être protecteur sans être trop contraignant, quand il est trop "dur", quand il dicte tout, prévoit tout, il enferme et coupe les élans.
Sources
L'entraide : l'autre loi de la jungle / Pablo Servigne
Les compétences charnières de l'animateur de projet collectif
Les compétences charnières de l'animateur de projet collectif
Le terme de « compétences charnières » désigne des compétences sans lesquelles, la coopération serait difficile à mettre en œuvre.
Dans la catégorie « antécédents pour coopérer »
« l’état d’esprit collaboratif » est une attitude reconnaissable par trois indicateurs :
un a priori positif pour des activités effectuées en commun ;
l’intégration d’un mécanisme d’échanges réciproques et
une conscience d’un soi interdépendant des autres ;
« l’humilité et un égo mesuré » découle de la conscience d’interdépendance avec autrui ; elle consiste à adopter une attitude de « contenance de soi »; mais c’est également une capacité à questionner ses certitudes sans pour autant remettre en question sa personne ;
« être bienveillant » correspond à une attitude empathique ; celle-ci se manifeste par la communication non agressive et dans des micro-gestes (sourire, regard…).
Dans la catégorie processus (évaluer / démarrer / animer / mettre en œuvre)
« savoir engager des partenaires » selon l’origine du projet, les pratiques en liens oscillent entre co-construction et incitation à participer ;
« co-concevoir la structure du projet » intervient au démarrage de la collaboration. La co-conception est un processus séquencé d’attention, d’échanges constructifs, d’ajustement des points de vue et de formalisation d’un projet.
« animer le groupe pour faciliter le travail » implique une posture d’attention et de lâcher prise ; l’animation s’appuie, en présentiel, sur les techniques d’émergence de « l’intelligence collective » et à distance, sur la communication et la mise en commun des informations ;
« être à l’écoute des personnes et des avis » se déploie sur un axe qui démarre dans l’attention portée aux personnes et se transforme progressivement en attention portée au projet ;
« développer et maintenir un réseau d’acteurs » passe par des compétences de communication en échanges directs et en communication écrite, et englobe la mise en visibilité du projet à l’intérieur du collectif (qui travaille en commun) ainsi qu’à l’extérieur, ce qui implique la connaissance des outils de communication via le web ;
« gérer les informations » consiste à savoir choisir les informations nécessaires à la construction collective et à les partager avec le groupe.
Dans la catégorie « résultat »
« avoir le souci du bien commun » est lié au résultat de la collaboration. Elle relève d’un idéal du « vivre ensemble en société ». Sa mise en pratique passe par la gestion des contenus réalisés collectivement et mis en partage.
« agir pour atteindre les objectifs communs » est un gage d’efficacité de la collaboration.
Trois compétences pivots
Dans la liste de ces 11 compétences charnières, trois d’entre elles sont appelées « compétence pivots », car sans elles, il semble que tout processus coopératif soit "très difficile" à mettre en oeuvre.
La première : « avoir un état d’esprit collaboratif » est une condition sine qua non de la coopération ». Si les personnes ne disposent pas d’une telle attitude, elle auront tendance à privilégier les relations compétitives et donc à freiner la collaboration, voire la rendre impossible.
La deuxième compétence pivot « co-concevoir la structure du projet » lorsqu’elle se manifeste, renforce l’engagement des personnes dans le projet collaboratif et leur motivation à travailler ensemble. A l’inverse, dans un projet collaboratif pensé par une personne seule, son énergie passerait à « pousser » d’autres à y entrer, à mobiliser. Et souvent, son projet dit « collaboratif » s’arrête à cette étape.
La troisième compétence pivot « avoir le souci du bien commun » est liée au résultat de la collaboration. Elle indique la maturité du groupe et consolide l’engagement à long terme. Elle rejoint l’importance croissante prise par les communs dans de nombreux projets.
Ces compétences pivots nécessitent un travail sur soi
Avoir un "à priori positif" sur la coopération, accepter d'être modifié par les autres et être conscient de l'interdépendance des choses impliquent souvent d'avoir réfléchi sur ce que ça implique dans "ma vie", "ma façon de gérer les projets", ma posture d'animateur, et donc notamment :
les valeurs qui me portent, ma raison d'être là, ce que je viens y chercher,
les peurs qui me freinent, les limites que je ne veux pas dépasser,
les forces sur lesquelles je peux m'appuyer
Sources :
« Les compétences collaboratives et leur développement en formation d’adultes. Le cas d’une formation hybride (Animacoop) »; Elzbieta Sanojca, Thèse, 2018.
Ces deux notions, très à la mode, sont presque devenues des injonctions dès que l'on parle de projet collectif. Souvent peu comprises, elles sont utilisées l'une pour l'autre. Voici quelques clarifications.
Rappelons toutefois qu'au delà des mots, ce qui compte surtout c'est de mettre en oeuvre les postures et les techniques qui permettent aux gens de faire ensemble dans la joie et l'efficacité !
Que dit le dictionnaire (Larousse) ?
Coopérer
Prendre part, concourir à une œuvre commune ; contribuer, participer, collaborer
Collaborer
Travailler de concert avec quelqu'un d'autre, l'aider dans ses fonctions ; participer avec un ou plusieurs autres à une œuvre commune
et avec l'aide de la philosophie ?
Eloi Laurent dans son livre "L'impasse collaborative" nous aide à y voir plus clair.
il résume la chose de cette façon : "On collabore pour faire, on coopère pour savoir"
Coopérer
Coopérer, c'est oeuvrer librement de concert, y compris - et c'est le point fondamental - dans un but autre que la survie, la reproduction ou le travail.
Pour E. Laurent, la coopération peret avant tout aux humains d'améliorer leur connaissance d'eux-mêmes, des autres et du monde. La coopération humaine est sans équivalent dans le monde du vivant car elle est une quête de connaissance partagée plusq u'une simple collabraotion limitée à l'accomplissement d'une tâche en commun. Loin d'être un outil au service de l'utilité et de l'efficacité, la coopération prend donc la forme d'une intelligence collective à but illimité.
Parce que coopérer, c'est apprendre à connaître ensemble, la coopération transforme les humains en pédagogues les uns pour les autres.
Collaborer
Pour E. Laurent, on pourrait penser que coppérer et collaborer son deux synonymes (comme le laisse penser d'ailleurs le dictionnaire). Il n'en est rien. et pour au moins 3 raisons :
la collaboration s'exerce au moyen du seul travail, tandis que la coopération sollicite l'ensemble des capacités et finalités humaines.
la collaboration est à durée limitée, tandis que la coopration n'a pas d'horizon fini
la collaboration est une association à objet déterminé, tandis que la coopération est une processus livre de découverte mutuelle.
Selon lui, le problème général est que la coopération est dévorée par la collaboration.
Education, recherche, monde du travail, politique : tous ces domaines illustrent bien la crise de la coopération que nous vivons sous les apparences d'une société de plus en plus collaborative. Cette crise se cristallise sous trois formes :
la montée en puissance de la solitude
l'avènement de passagers clandestins qui maximisent leurs profits et socialisent leurs pertes (en raisonnant avec les biens communs comme avec des objets de consommation)
la guerre du temps qui inaugure une crise des horizons collectifs du fait d'une transition numérique hypertrophiée et d'une transition écologique atrophiée.
Notons par ailleurs que l'industrie collaborative qui s'érige partout comme standard se révèle souvent bien peu coopérative quand il s'agit de payer les impôts ou d'assumer les coûts environnementaux.
Bon en attendant, on fait quoi ?
Rappelons toutefois qu'au delà des mots, ce qui compte surtout c'est de mettre en oeuvre les postures et les techniques qui permettent aux gens de faire ensemble dans la joie et l'efficacité !
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Ces quatre options peuvent être arrangées pour créer six licences différentes, les six licences Creative Commons :
1. Attribution (BY): Le titulaire des droits autorise toute exploitation de l’œuvre, y compris à des fins commerciales, ainsi que la création d’œuvres dérivées, dont la distribution est également autorisé sans restriction, à condition de l’attribuer à son l’auteur en citant son nom. Cette licence est recommandée pour la diffusion et l’utilisation maximale des œuvres.
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3. Attribution + Pas d’Utilisation Commerciale + Pas de Modification (BY NC ND) : Le titulaire des droits autorise l’utilisation de l’œuvre originale à des fins non commerciales, mais n’autorise pas la création d’œuvres dérivés.
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6. Attribution + Partage dans les mêmes conditions (BY SA) : Le titulaire des droits autorise toute utilisation de l’œuvre originale (y compris à des fins commerciales) ainsi que la création d’œuvres dérivées, à condition qu’elles soient distribuées sous une licence identique à celle qui régit l’œuvre originale. Cette licence est souvent comparée aux licences « copyleft » des logiciels libres. C’est la licence utilisée par Wikipedia.
Source : Creative commons France sous CC BY SA adapté par Gatien Bataille
Point d'attention : Le souci de l'option "pas d'utilisation commerciale"
Attention, l'option non commerciale est "rapidement bloquante" car de portée très large.
Elle s'applique dès qu'il y a obtention d'un avantage commercial ou monétaire direct ou indirect. (la vente n'est donc pas obligatoire)
Le simple fait que l'oeuvre soit placée sur un site qui montre des pubs est suffisant pour déclencher la clause !! (facebook...)
On considère d'ailleurs souvent que la clause non commerciale n'est pas vraiment un licence "libre"
C'est une posture "normale" et rassurante ;-)
Dans tout processus, y compris collectif, il faudra une personne qui porte la responsabilité de lancer le projet "tout seul" et qui posera les premières étapes en "dictateur bienveillant"
Cela signifie :
accepter d'être critiqué pour cette première démarche forcément pas 100 % collective (un lieu, une date...)
accepter d'assumer ce "rôle" et une certain leadership au moins pour un temps
accepter de se dévoiler en terme de motivation, d'envie, de rêve, d'utopie...
Mais c'est un job à risque (comme la possession d'un anneau ;-) :
sans y prendre garde, on peut facilement rester dans cette posture (parfois "pousser au début" par le collectif) car elle procure un certain "pouvoir ou aura"
sans y prendre garde, on peut facilement passer du dictateur bienveillant au créateur fossoyeur qui enterre avec lui la belle idée de départ
Quelques pistes
mettre en place un mécanisme de contrôle (si possible extérieur et à une date précise) pour obtenir un regard critique sur sa posture et savoir si l'on est bien sorti de ce rôle.
L'estime : la monnaie des projets avec "bénévoles"
L'estime : la monnaie des projets avec "bénévoles"
Dans les projets collectifs où les membres sont "non contraints", les mécanismes classiques d'évaluation sont inefficaces.
Il faut abandonner le pouvoir coercitif (notamment lié aux titres / syndrome de Peter)
pour laisser le mécanisme d'évaluation par l'estime se mettre en place et les membres faire leur travail d'autorégulation.
La valeur est dans l'estime que me portent les autres au regard de ce que je fais pour moi, pour eux, pour le monde...
L'évaluation par l'estime se fait :
A posteriori : l'estime s'acquiert sur base des actions réalisées (les titres c'est plutôt "à priori", parfois pour attirer les gens)
En continu : l'estime fluctue en continu sur base des actions réalisées. Elle se perd ou se gagne à tout moment (assez différent d'un titre qu'on ne peut me retirer si facilement)
En prenant en compte le subjectif : l'estime a une valeur "propre à chaque donneur", elle ne peut s'échanger ou être thésaurisée
Par l'ensemble de la communauté : l'estime se gagne ou se perd face au regard des autres (je ne peux réclamer de l'estime...)
L'évaluation par l'estime ne s'accommode pas des titres car ils ne fonctionnent pas sur ces bases.
Pour que ce mécanisme puisse s'enclencher, il est essentiel que chacun voit qui fait quoi...
Impossible en effet de recevoir de l'estime des autres, si personne n'est au courant que c'est moi qui est fait cette action !
La circulation des infos, de la parole, tel un fluide vital, est un enjeu central pour le collectif et pas seulement un moyen pour atteindre des objectifs d'action. Mettre en place une communication holoptique au sein du collectif est un enjeu majeur !
Entre holoptisme
C’est une façon de rendre visible les échanges : leur nature, leur volume, qui donne, qui reçoit… Il permet de voir où se trouve les ressources. De fait il permet à chacun d’avoir une vision de soi et du Tout. Ainsi chacun peut adapter son comportement en fonction des autres.
et panoptisme
Le panoptisme se caractérise par la mise en œuvre de solutions (technique, juridique, procédure, …) ayant pour objectif de cacher des informations, des points de vue à certaines personnes et donc de permettre à d’autres d’y avoir accès. En général, le panoptisme est associé à des structures pyramidales.
Il existe un équilibre subtil que l'animateur peut essayer d'atteindre entre ces deux approches avec l'aide d'outils numériques ou des méthodes d'animation
Communiquer et échanger de manière horizontale est essentielle dans un réseau.
La liste de discussion permet cette communication.
Définition : Une liste de discussion est une utilisation spécifique du courrier électronique qui permet le publipostage d'informations aux utilisateurs qui y sont inscrits.
Ne pas confondre liste de discussion et liste de diffusion
Dans la liste de diffusion, le responsable communique vers les membres. C’est une communication à sens unique et sans possibilités d’échanges entre les membres. On parlera plus classiquement de newsletter.
Principes de fonctionnement
Une liste de discussion permet l’échange entre les membres de la liste sans avoir à gérer, ni même connaître l’ensemble des adresses mails des membres du réseau.
A la création de la liste de discussion, une adresse mail générale est créé pour le réseau (par exemple : liste@cooptic.be).
En écrivant un mail à cette adresse liste@cooptic.be, le message sera délivré à l’ensemble des membres inscrits à cette liste de discussion. Chaque membre pouvant alors réagir au message en répondant lui aussi à l’ensemble des membres via cette adresse liste@cooptic.be
Dans un projet collectif, on fait quoi avec une liste de discussion ?
Les échanges réalisés sur la liste
permettent à un ensemble de personnes de s’approprier des informations ;
facilitent également l’entraide et la montée en compétence collective ;
servent de support pour développer des projets collectifs ;
Enfin, pour certains groupes permettent d’organiser des débats avec toute la communauté pour développer de l’intelligence collective ;
La liste de discussion présente quelques avantages au regard du groupe que l’on peut créer dans sa boîte mail.
Chaque membre gère lui même son abonnement / désabonnement à la liste de discussion. Ceci permet :
de ne pas avoir à communiquer son adresse mail perso à l’ensemble des membres du réseau
de ne pas dépendre des autres pour qu’ils acceptent (ou pas) de vous enlever (ajouter) de leur groupe
chaque membre utilise son propre logiciel de messagerie pour communiquer avec la liste de discussion, pas besoin de se rendre sur un site ou un service externe, tout se passe via votre propre messagerie (selon vos habitudes de travail)
Une fois inscrit, l’envoi du message à l’ensemble des membres ne demandent aucune autre action que l’envoi du message à la liste de discussion.
chaque membre peut appliquer via sa propre messagerie un classement des mails reçus par la liste de discussion (par exemple: un classement automatique dans un dossier pour lecture différée)
chaque membre peut via sa propre messagerie lire les messages de la liste de discussion en mode déconnecté une fois les messages téléchargés
chaque membre peut paramétrer la liste de discussion afin de recevoir les nouveaux messages compilés en un seul mail à des fréquentes choisies (chaque jour, chaque semaine, chaque mois)
Enfin, contrairement au forum qui demande à être visité régulièrement pour savoir s’il y a eu du changement, avec la liste de discussion c’est le nouveau message qui vient à vous.
Limites d’une liste de discussion
Lorsque le message est envoyé, il est envoyé vers tous les membres. Plus moyen de l’effacer ou de le récupérer !
Sans une certaine gymnastique, on peut vite se retrouver débordé par les nombreux mails échangés sur la liste de discussion (surtout si le réseau est grand et animé). Ceci peut toutefois être levé facilement si des règles de fonctionnement sont discutées dans le réseau (et encore mieux si vous ajoutez du classement automatisé dans votre messagerie)
Pourquoi pas facebook ou un forum ?
Légitimement se posera la question de pourquoi une liste de discussion plutôt qu’un autre outil ? Facebook, twitter, whatsapp… permettent aussi facilement les échanges entre les gens… La liste de discussion est la moins mauvaise des solutions ;-)
Elle offre :
la possibilité d’échanger tous ensemble et pas juste deux à deux
la possibilité d’échanger de manière asynchrone
la possibilité d’être tous avertis lors d’un nouveau message (push)
Si nous analysons le cas des forums
ce sont des outils pull c’est à dire qu’ils n’avertissent pas lorsqu’il y a un nouveau message posté sur le forum… ce qui limite fortement la participation. Si on décide d’activer la notification mail alors ils ressemblent furieusement à une liste de discussion (en moins bien)
De plus, l’animation d’un forum réclame en général 300 participants sans quoi le forum est rapidement “sans vie”
Si nous analysons facebook ou twitter
ici aussi il s’agit d’outils pull (ou en partie). Si la notification est activée, une fois encore on se rapproche de la liste de discussion sans la possibilité de répondre facilement.
De plus, un certain nombre de personnes (grandissant) ne souhaite pas aller sur facebook et twitter. Il est difficile de leur imposer ou de les pénaliser.
Craintes relatives aux listes de discussion
La crainte principale est de se voir submerger par les mails. Il s’agit d’un problème sérieux mais pour lequel nous sommes moins démunis.
Le nombre de mails “acceptable” varie :
un par semaine maximum pour certains publics très réticents
un par jour en moyenne pour la plupart des personnes
plein de mails sont parfois acceptables pour certains groupes très militants
A partir de combien de personnes faire une liste de discussion ?
On pense souvent qu'il faut une large communauté pour mettre en place une liste de discussion.
Or, la liste de discussion peut déjà être utile à partir de 3 personnes ;-)
Dès que vous êtes aménés à communiquer régulièrement avec un même groupe de personnes (des collègues, des bénévoles, un collectif), une liste de discussion devient intéressante.
Quelques principes pour une utilisation efficace de la liste de discussion au sein d’un réseau
Dans un réseau actif et comptant beaucoup de membres, le nombre de mails échangés chaque jour sur la liste de discussion peut en rebuter plus d’un et provoquer un désabonnement massif !
Quelques trucs et astuces à discuter ensemble au lancement de la liste de discussion permettent de limiter ces désagréments :
Le plus important est de ne pas polluer la liste de discussion avec des échanges hors propos par rapport au réseau.
Aussi important est de ne pas maintenir des échanges entre quelques membres sur la liste de discussion. Si après un appel général sur le liste de discussion, quelques membres sont intéressés de poursuivre l’échange, il est plus judicieux de sortir ces échanges de la liste de discussion et de les poursuivre via les mails perso. TOUTEFOIS, il est vital pour le réseau que les échanges ayant eu lieu en dehors de la liste de discussion fassent l’objet d’une restitution synthétique sur la liste de discussion cette fois.
Il est bon de garder une trace synthétique des échanges ayant eu lieu sur la liste de discussion et ce, sur un espace extérieur (comme par exemple le site internet du réseau) afin de permettre à ceux qui rejoignent la liste de discussion en cours de route de pouvoir s’insérer plus facilement dans le réseau en lisant son “histoire” et ses règles de fonctionnement (celles-ci peuvent d’ailleurs faire l’objet d’un premier échange sur la liste de discussion).
Un travail de sensibilisation à la rédaction de mails “non nocifs” pour la liste et la planète peut (doit) être envisagé.
Choix de l’objet du mail (info, décision…)
Gestion des pièces jointes (si possible pas de pièce jointe)
Contenu du mail bref et concis, un seul sujet par mail. Pas de mail type : “merci”
Lien clicable directement dans le mail pour faciliter le passage à l’acte
@mention directe des gens plus particulièrement concernées
Renvoi systématique des propositions de discussions plus ciblées vers espace de co-écriture
Quelques outils pour créer une liste de discussion
Il existe pas mal d’outils pour créer des liste de discussion. La plupart des hébergements web en propose.
Mailman : logiciel libre installé sur de nombreux serveurs web
Ezmlm : logiciel libre installé sur de nombreux serveurs web
Si vous n’avez pas d’hébergement web, vous pouvez vous tourner vers
Une fois la liste créée, paramétrage de celle-ci pour un usage “projet collectif”
Cliquer sur le lien administrateurs à gauche de l’écran
Dans l’onglet Configurer la liste
Sous menu Définition de la liste
Faire passer Visibilité de la liste de sauf aux abonnés (conceal) => à liste visible (noconceal)
Ceci afin de permettre à tous de pouvoir la voir et s’y abonner.
Sous menu Diffusion et réception
Qui peut diffuser les messages ?
Laisser privée, modérer pour les non abonnés afin de garantir un certain entre soi plus confortable pour l’échange
Profil d'abonnement
mode de réception : normal (réception directe des messages) / afin que par défaut chaque abonné reçoive tous les messages directement
Adresse de réponse :
valeur = liste afin que tous les messages soient distribués à tous par défaut (pour garantir l’horizontalité des échanges)
Marquage du sujet des messages :
ce nom sera placé entre {} dans l’objet du mail pour en faciliter le tri automatique
Sous menu Droits d’accès
Qui a accès aux infos de la liste
mettre “Tous” pour faciliter l’adhésion de nouveaux membres
Qui peut s’abonner ?
mettre ouvert à tous + notification du propriétaire afin de faciliter l’adhésion de nouveaux membres
Sous menu Description / page d’accueil de la liste
Edition du fichier page d’accueil de la liste => Ici vous pouvez proposer un texte qui sera visible sur la page de présentation de votre liste de discussion. Plus le message sera explicite et sympa, plus il pourrait vous amener des membres ;-)
Edition de la description de la liste : Ce texte est inclus dans le message de bienvenue. Rendez-le plus explicite possible. Prévoyez aussi la “charte” d’utilisation de votre liste. Indiquez y en grand l’adresse mail de votre liste de discussion et incitez les gens à l’inscrire dans leur contact afin d’éviter qu’elle ne soit considérée comme du spam…
Sous menu Messages types
Message de bienvenue : Ce message est envoyé aux nouveaux abonnés. Placez-y votre charte d’utilisation. Indiquez y en grand l’adresse mail de votre liste de discussion et incitez les gens à l’inscrire dans leur contact afin d’éviter qu’elle ne soit considérée comme du spam…
Attachement de début de message : Si non vide, ce fichier est attaché au début de chaque message diffusé dans la liste. Si vous le souhaitez vous pouvez ajouter un petit message (court alors). Inutile de mettre le lien de désabonnement, il est inclus d’office en bas de chaque mail. ATTENTION, cette fonctionnalité provoque des soucis pour les utilisateurs d'outlook qui recoivent alors le message en pièce jointe (pas top du tout)
Onglet Gérer les abonnés
abonnez vous avec le mail souhaité !
ne cochez pas “silencieusement” pour voir le message reçu et vérifier le paramétrage des message de bienvenue
En bas de page, vous pouvez gérer chaque membre en cliquant sur son nom pour par exemple modifier la façon dont il reçoit les messages
Mettre en place une modération de la liste
Dans l’onglet Configurer la liste / sous menu Diffusion et réception Qui peut diffuser les messages ?
Faire passer à “modérée”
Ensuite dans l’onglet Configurer la liste / sous menu Définition de la liste
Modérateurs : indiquer les infos requises
Les modérateurs sont responsables de la modération des messages. Si la liste est modérée, les messages postés sur la liste seront d'abord adressés aux modérateurs qui pourront autoriser ou non la diffusion. Cette interface vous permet de désigner plusieurs modérateurs, en écrivant leur adresse dans un des champs. Si vous n’indiquez pas de modérateur, vous le deviendrez d’office en tant que propriétaire de la liste.
Remarque : Si la liste est modérée, n'importe quel modérateur peut valider ou rejeter un message sans l'approbation des autres modérateurs. Les messages qui ne sont ni diffusés, ni rejetés restent dans la file d'attente jusqu'à leur expiration.
Inviter les personnes à s’abonner (ou se désabonner)
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Créer une liste de discussion avec google groups
Cette petite vidéo vous explique en 5 min les règles de base pour lancer une liste de discussion et inviter vos premiers membres.
La notion d'outil convivial a été développée initialement par Ivan Illich . Elle s'oppose à l'idée d'outil industriel ou aliénant.
Le terme d'outil est utilisé ici dans un sens très large, c'est-à-dire tout instrument, objet ou institution mis au service d'une intentionnalité ou comme moyen d'une fin (tournevis, téléviseur, usine de cassoulet, autoroutes, langage, institution scolaire, permis de construire, lois, etc). Toute action humaine et relation sociale se fait donc par le biais d'outils.
Illich montre toutefois que les outils ne sont pas neutres et modèlent les rapports sociaux entre les hommes ainsi que le rapport de l'homme au monde. (imaginez une journée de gestion en forêt avec une tronçonneuse ou un scie égoïne : il est fort à parier que la gestion ne sera pas identique => les outils ne sont pas neutres)
Illich distingue ainsi les outils selon leur degré de convivialité.
L'outil convivial est maîtrisé par l'homme et lui permet de façonner le monde au gré de son intention, de son imagination et de sa créativité. C'est un outil qui rend autonome. C'est donc un outil avec lequel travailler et non un outil qui travaille à la place de l'homme. À l'inverse l'outil non-convivial le domine et le façonne.
Un outil convivial doit donc selon lui répondre à trois exigences :
il doit être générateur d'efficience sans dégrader l'autonomie personnelle;
son usage ne m'hyperspécialise pas au détriment du tout...
actuellement, on revient à du travail à la chaine, chacun efficient dans son "micro domaine" mais sans vision d'ensemble, sans savoir si ça a un sens
il ne doit susciter ni esclave ni maître;
il ne doit pas m'enlever "ma capacité à", ni "le pouvoir de"
je ne peux pas réparer ma voiture car je perds la garantie même si j'en étais capable
il doit élargir le rayon d'action personnelle.
donner des idées d'actions y compris dans d'autres contextes
Voici quelques exemples :
les outils conviviaux
la bicyclette, le roulement à billes, les moteurs, le téléphone, la force hydraulique, la perceuse, le monte-charge, etc.
les outils non-conviviaux
l'automobile (qui crée les distances et refaçonne les villes au détriment des piétons et cyclistes),
l'école pour tous (qui produit des cancres et la ségrégation qui va avec),
nos systèmes de santé (qui industrialisent naissance et mort, et qui engendrent faux espoirs, prolongation de la souffrance, solitude et dégradation du patrimoine génétique),
le prêt à intérêt (qui créé l'idée du « manque » de temps),
les normes de construction (qui privent les individus de construire leur propre maison), etc.
Il précise ainsi que la convivialité d'un outil est indépendante de son niveau technologique (un animateur est-il convivial ?) ou de son niveau de complexité (Illich cite le téléphone comme exemple). Un outil convivial peut de plus être dénaturé par son opérateur ou ses usagers (ex. téléphonie abusive qui nuit aux relations sociales, bibliothèques que l'on enferme dans des universités fermées au public, extraction dentaire que l'on réserve au monopole d'une profession, moteurs conçus pour empêcher l'individu de les réparer, mailing list non ouverte ou à modération contrôle par un ou quelques individus...).
D'après lui, les outils deviennent non-conviviaux en franchissant certains seuils. Il distingue ainsi
un premier seuil qui est franchi quand on prend le moyen pour une fin (par exemple quand une institution en arrive à fixer elle-même ses fins) et que la mesure statistique de l'efficacité devient le seul but (il donne l'exemple de la santé). Il parle aussi de "monopole radical"
Un second seuil est franchi quand l'outil industriel censé répondre à des besoins crée de nouveaux maux plus graves que les premiers (notion de désutilité marginale).
Les notes chacun de son côté, c'est pas très collaboratif ;-) et ça ne permet pas la rédaction collective de savoirs (projets, idées mais aussi traces des réunions...) Pouvoir rapidement créer un espace numérique de notes partagées (sans complication et sans mot de passe) est un atout essentiel de l'animateur de projet collectif. Bonne nouvelle, c'est facile (et gratuit !) grâce aux "pads"
Où en sommes nous dans nos productions collectives ?
Alors que nous sommes tous ou presque connectés, et que les outils numériques devraient nous aider,
nous ne parvenons pas à organiser l'amont et l'aval de nos réunions avec nos partenaires, nos citoyens sans être inondé de mails,
nous ne savons pas comment partager la prise de notes durant les réunions, comment favoriser la participation durant les réunions, comment inclure les apports de ceux qui peuvent pas être là "physiquement".
Cette situation découle de l'utilisation quasi exclusive du mail dans des contextes qui ne lui conviennent pas (et c'est normal, on nous a pas appris, on nous a dit, il faut coopérer, voici un ordinateur...) du coup, on utilise l'outil qu'on connait comme si c'était le seul jusqu'à être nous même noyé dans nos mails et les réponses qu'ils engendrent !
Bon sang qu'il serait pourtant agréable de pouvoir par exemple sur un seul et même document
créer un OJ et permettre aux participants de l'amender, le compléter avant la réunion
d'utiliser ce même doc en réunion pour collecter les discussions (et pourquoi pas collectivement) / de rendre visible les apports de chacun et pourquoi pas même de tenir compte des questions et apports de ceux qui ne peuvent être là physiquement
pour ensuite, toujours sur ce même doc, mettre le projet de PV en discussion pour finir par un PV figé !
Bonne nouvelle, ceci est possible dès demain, sans compétences techniques et dans quasi tous les contextes de travail ;-) avec un PAD
Le pad est un outil terriblement simple qui permet :
Terriblement simple car il "suffit" d'une connexion web (et encore on peut faire sans si nécessaire) / pas de compte, pas de login, c'est parti !
Le pad permet de créer un espace où :
on peut collectivement et simultanément prendre des notes
on peut donner son avis même si on ne peut être physiquement présent à la réunion (on peut le coupler avec une vidéoconférence)
on peut laisser les participants donner leurs avis AVANT et APRES la réunion
on peut faire une réunion, un débat en rendant visible les apports de chacun
on peut terminer une réunion avec un compte-rendu quasiment rédigé
on peut collecter des questions (en réunion publique)
on peut faire un site web ultra simple
on peut faire un doodle très simple
liste non exhaustive !!!
Créer un pad en 1min et 15 sec !
je me rends sur www.framapad.org
(j'en profite pour glisser site web dans mes favoris !)
je clique sur créer un pad (un pad est généré automatiquement). Si je souhaite pouvoir choisir son nom, je clique sur "option"
le pad s'affiche avec un petit message explicatif que je peux enlever une fois lu
pour partager le pad, il me suffit de communiquer son adresse url
dès que la personne clique sur le lien, elle arrive sur le pad
je vois le nombre de personnes connectées en haut à droite à côté du petit bonhomme
en cliquant sur celui-ci vous pouvez par ailleurs vous "nommer" et vous choisir une couleur de note
Vous trouverez aussi dans la barre de menu
une petit horloge qui vous permettra de voir l'évolution des notes réalisées sur votre pad (c'est un historique)
une étoile qui vous permettra de "sauver" un état particulier de votre pad et d'y revenir plus facilement
Le pad bouscule quelques habitudes
le rôle du secrétaire
souvent peu envié mais en même temps rôle "stratégique"
la notion de pouvoir / du faire ensemble (vraiment)
si chacun peut modifier les notes de chacun, qui a le pouvoir ?
si il n'y a pas de barrière d'accès, il faut changer de point de vue... gérer à posteriori les risques plutôt que fermer à priori
la notion de partage, de visibilité
si je montre en réunion ce qui est "noté", je rassure, je suis transparent, je peux reformuler => je fais baisser le risque de participer
=> on voit bien que le pad pose énormément de questions sur nous, plus que sur la technique
Trucs et astuces d'utilisation
Pour faciliter son utilisation
commencer en présence
projeter la prise de notes
oser le faire (au début on est seul mais très vite on l'est moins !)
activer quelques suiveurs - complices
inviter à poursuivre à distance / inciter à participer
faire des fautes dans les noms
faire confiance à la communauté
refaire ... ça va prendre ;-) certains vont râler... beaucoup vont apprécier !
Pour gérer la prise de notes à plusieurs
au début ça perturbe... ça prend notes en bas et en haut ... plusieurs fois la même chose.. impression de désordre mais
c'est normal, on s'approprie l'outil (et ses limites), ça soulève des questions, notamment sur ce qu'on veut faire ensemble et comment...
rapidement, des rôles se dessinent (tapeuraukm, correcteur, metteur en page, structurateur...)
Il est possible quand on a un peu d'aisance, de se dire qu'un ou plusieurs d'entre nous captent des infos spécifiques durant la réunion et le place dans un endroit spécifique du pad (les tâches @qqlun ou des infos importantes #décision ou #agenda...)
Parfois en fin de réunion, le pad reste "brouillon", on peut alors de prendre un temps collectif pour en 5 minutes faire un "rapport d'étonnement" en haut du pad qui en 10 ou 15 lignes reprend l'essence des discussion (le détail se trouve en dessous pour ceux qui veulent lire)
Infos utiles
Attention, un pad n'est pas un espace de stockage, sa durée de vie est limitée... faites en un espace de travail qui vit, pas un espace de stockage !
Attention à ne pas perdre url / inclure dans un wiki ;-)
c'est ouvert, très ouvert / mais ne surestimez vous pas les risques ?
Voici encore un concept bien étrange... Le partage pourrait donc être "non sincère" ?
Ceci aurait-il des conséquences sur nos projets collectifs ?
Lorsqu'on démarre un projet collectif, on a souvent pas la conscience, ni l'envie ou le temps d'aborder les conditions du partage de ce que l'on va, plus que certainement, produire ensemble (produire est quasiment une finalité des projets collectifs, sinon on parlera plutôt de communauté d'échanges).
Il est vrai que c'est assez peu dans l'air du temps et puis, avouons que c'est pas la partie la plus amusante.
Presque, on pourrait considérer qu'elle serait malvenue, mal perçue dans cette ambiance si bienveillante de ce début de projet.
Et pourtant !
Le droit (et singulièrement le droit d'auteur), tel qu'il est conçu aujourd'hui ne facilite pas la production collective et encore moins son partage.
Une oeuvre collective (sous des formes diverses) nécessite l'accord de tous pour pouvoir être diffusée.
Rarement ce point est discuté en début de projet et ne revient sur la table que lorsqu'il s'agit de communiquer, partager l'oeuvre "en dehors du collectif".
A ce moment, les égos resurgissent souvent et finissent (parfois...souvent...) par empêcher la sortie de l'oeuvre faute d'accord de tous...
Voilà une source de démotivation énorme pour le collectif qui bien souvent ne s'en remettra pas...
Réfléchir à la question du partage dans un collectif c'est s'obliger :
à se poser la question du pourquoi on est là,
qu'est ce qu'on veut faire ensemble, produire ensemble
qu'est ce qu'on est prêt à partager pour ce faire (vraiment partager)
et pour qui on produit tout ça (juste pour nous ? )
Et puis ça oblige aussi à s'interroger sur la société qu'on désire mais aussi sur ce que le partage a permis jusqu'aujourd'hui !
le feu, les lettres, l'html, la roue : heureusement tout ça existe et peut s'utiliser sans royalties...
la propriété intellectuelle est en train de tout "privatiser" (des lettres, des liens url, des noms communs, des objets banals...)
En gros ça oblige à faire collectif ;-)
Ces ressources par exemple, sont sincèrement partagées avec vous
Partager, copier, distribuer et communiquer le matériel par tous moyens et sous tous formats
adapter, remixer, transformer et créer à partir du matériel
pour toute utilisation, y compris commerciale.
Selon les conditions suivantes :
attribution : Vous devez créditer l'auteur, intégrer un lien vers la licence et indiquer si des modifications ont été effectuées à l'oeuvre.
Partage dans les mêmes Conditions : Dans le cas où vous effectuez un remix, que vous transformez, ou créez à partir du matériel composant l'Oeuvre originale, vous devez diffuser l'Oeuvre modifiée dans les même conditions, c'est à dire avec la même licence avec laquelle l'Oeuvre originale a été diffusée.
Mais un grand pouvoir implique aussi une grande responsabilité
L'animateur est souvent une personnalité "rare", très présente qui peut rendre le projet totalement "dépendant" d'elle et passer insconsciemment du rôle de créateur à celui de fossoyeur...
Etre animateur de projet collectif c'est d'abord faire un travail introspectif ;-)
et identifier ses besoins de reconnaissance et de ses peurs
Les risques
tirer la couverture à soi
caractère autoritaire
vouloir imposer
penser intérêt individuel
se rendre indispensable
absence de confiance
esprit de compétition
ne pas s'écouter
pas de droit à l'erreur
écouter sans entendre
Des pistes
passer d'une logique d'intention à une posture d'attention
entre partage sincère et écoute apprenante
être dictateur bienveillant sans être créateur fossoyeur
clarifier son rapport au pouvoir
aller vers un ego mesuré et travaillé
être directif ET bienveillant
ne pas faire de ce qui se passe une affaire personnelle
croire un peu en l'Homme : L'humain est éducable :-)
cultiver ses lieux d'optimisme (et savoir le rester) => le recueil de citations qui font du bien :-)
et envisager son rapport à l'autre et sur ce qu'il peut apporter
Être capable d’écouter
Être capable d’attention plutôt que d’intention afin de se laisser envahir par les propositions des autres, par d’autres points de vue qui nous feront sortir de l’aveuglement étriqué de nos certitudes, donc apprendre à se taire, apprendre à travailler, organiser, reformuler les idées de celui qui nous est étranger.
Accepter que son regard constitue une part aussi pertinente que la nôtre d’un tout que nous ne pouvons voir seul.
Apprendre à cartographier simplement les idées qui nous entourent.
Être capable de faire des propositions ambiguës
Si coopérer c’est oeuvrer collectivement pour parvenir à des fins communes ou acceptables par tous, il faut se garder de faire des propositions tellement bien ficelées qu’elles vont instantanément enfermer vos complices dans le sentiment que l’on tient LA bonne solution. Il est fréquent de voir le premier beau parleur proposer un cadre organisationnel qui servira ensuite de réceptacle aux idées suivantes de ses collègues. Travailler des propositions sujettes à interprétations, pas forcément totalement formulées, permettra de laisser de la place aux idées des autres, à proposer de multiples organisations, à jouer avec les idées avant de choisir, ensemble.
Être capable de vivre avec une organisation bancale
L’organisation d’un groupe, d’un chantier n’est qu’un outil au service d’un projet. Si celui-ci est coopératif, il sera co-élaboré et donc ne pourra, dès le début, être parfaitement organisé. La part de bazar est donc normale… Pour aller plus loin, on peut estimer, en regardant le fonctionnement des systèmes vivants, qu’une part de bazar est même nécessaire à la vie du système. ⅔ de bazar pour ⅓ d’ordre semble être le ratio pertinent au sein des systèmes coopératifs. Mettre trop d’ordre risque de faire un joli système… mais mort, ou encore pire, un système au sein duquel les humains sont quasi morts. C’est peut-être sur ce dernier point que nous avons à faire le plus gros effort de renoncement.
La compostabilité : pour un écosystème de projets vivaces
Emballages, meubles, téléphones, ordinateurs, gadgets... chaque objet qui nous entoure est consommateur de ressources naturelles. Le temps où nos créations donnaient lieu à des déchets capables de se décomposer est maintenant loin derrière nous. Problème : lorsque l'on produit des objets trop complexes pour se recomposer d'eux-mêmes, nous accumulons une dette technique qu'il nous faudra un jour assumer.
Pour limiter l'impact et le nombre de ces déchets, de nombreuses solutions se développent et une multitude d'expérimentations sont en cours : mouvement zéro déchet, bacs à compost, repair cafés, ressourceries, etc.
Qu'en est-il lorsque l'on aborde une autre des productions humaines, omniprésente à l'ère du numérique : celle des connaissances ? La seconde vie des idées, de l'immatériel, de nos projets reste un impensé alors même qu'ils sont le fruit de notre énergie vitale, ressource irremplaçable s'il en est.
Mais alors, à quoi ressemblerait une ressourcerie des idées ? Ce texte propose une réponse exploratoire à travers la notion de « compostabilité » développée par Laurent Marseault. piano en berry - cc by sa - Romain Lalande
Parce qu'elle part de l'observation de la nature et qu'elle vise à en étendre les enseignements à tous nos projets, cette petite allégorie s'adresse à tous. . . pourvu d'être capable d'un peu d'abstraction !
Ce qui vit est compostable
Nous vivons sur une planète vivante (et donc limitée) qui obéit au moins à deux règles fondamentales :
1. Tout n'est que poussières d'étoiles : la matière qui constitue toute chose est composée de petits atomes, fabriqués au moment du Bing Bang il y a 13 milliards d'années ;
2. La nature se réorganise en permanence : chaque brique qui compose chaque chose se décompose à un moment donné, puis va se réassembler pour redonner de la matière.
Partant de ce principe, toute chose vivante est nécessairement compostable. Une feuille peut s'envoler sur 200km, se décomposer puis se recomposer sous l'effet de petits organismes qui recréent du vivant ; le vivant porte ainsi en lui les conditions de sa propre compostabilité.
Parlons de nous et faisons l'hypothèse qu'en tant qu'êtres humains vivants nous soyons mortels. Convenons qu'il est alors possible qu'en tant qu'individu, qu'en tant que bénévole ou qu'en tant que salarié l'aventure s'arrête un jour. Pour chaque projet auquel nous contribuons le constat est le même : un concours de circonstances a provoqué le début d'un processus qui tend invariablement à s'éteindre.
C'est cette mort programmée et inéluctable qui doit nous pousser à travailler très en amont sur les conditions de compostabilité des projets. . . au risque de fabriquer des agrégats qui ne puissent se recomposer ! C'est là tout l'enjeu du principe de compostabilité : préparer la mort des projets et permettre à chacune de leurs composantes de se réassembler à d'autres endroits et potentiellement avec d'autres personnes.
Partager sincèrement pour pouvoir re-composer
Bien souvent, on ne réfléchit pas à la compostabilité des projets lors de leur conception (quels éléments méritent d'être réutilisés, sous quelle forme, où les mettre à disposition,...). Même lorsque l'on décide de rendre disponible ces ressources auprès des autres, cela ne suffit généralement pas à leur assurer une seconde vie. Il faut dès lors réfléchir à la meilleure méthode pour permettre à la matière produite (les contenus, les données, l'expérience due à nos échecs et réussites,...) d'être réutilisée indépendamment de tout contexte d'usage.
Si l'on souhaite continuer à vivre sur une planète vivante il faut incontestablement respecter les règles fondamentales du vivant. Si l'on accepte de fabriquer petit à petit des organisations humaines non-compostables, nous acceptons de facto la création de matière inerte, non utilisable voire polluante à l'échelle de l'existence humaine. Utiliser notre énergie vitale pour produire des éléments qui ne vivent pas au-delà de nous-même, ce serait alors se couper du vivant.
Prenons pour exemple un grand mouvement d'éducation populaire, qui relève un défi impressionnant avec la création de son MOOC (cours collectif en ligne) sur la gouvernance partagée qui totalise 26 000 inscrits en 2015. De nombreux contenus vidéos sont alors placés sous des licences qui en permettent légalement la réutilisation une fois la formation terminée (CC BY SA). Malheureusement ces contenus sont trop contextualisés et ne peuvent pas servir d'autres usages. Trop d'éléments de contenus liés au MOOC ne permettent pas de bien profiter de la vidéo en dehors de ce cadre. Toute l'énergie investie dans la création de ces ressources est donc perdue puisque le partage est « légal » (grâce aux licences) mais pas « sincère » (du fait de la contextualisation des contenus).
Il aurait fallu séparer dès le montage les éléments propres à l'organisation du cours en ligne de ceux traitant simplement du sujet. A l'instar de l'adage « écrire pour être lu », une ressource sincèrement mise à disposition est « partagée pour être utilisée » !
Le vivant commence là où la mort se prépare
Une fois assimilée, la compostabilité des projets permet d'envisager très en amont nos actions et de développer des automatismes fertiles. C'est une manière de se dire « ce que je crée va mourir, je vais mourir, alors comment faire pour que cette énergie que je pose là puisse être utilisée par tout le monde ? ». Se poser cette question, c'est préparer la mort des projets. Pas dans le sens d'un délire paranoïaque et morbide, mais en prenant conscience que notre seule contribution au monde, c'est ce que nous auront réussi à sincèrement partager.
En écho, le risque d'une mort non-préparée, c'est de s'obliger à continuer à agir, à vivre des expériences, à rassembler des choses, à agréger, sans jamais prendre le temps de penser la transmission de cet héritage. On crée alors une chimère, un projet que l'on va sans cesse persister à nourrir sans jamais en remettre en question le sens et sans accepter qu'il ne s'arrête. Il est donc indispensable de ritualiser le traitement de ce que l'on souhaite transmettre au jour le jour pour s'autoriser à mettre fin à un projet au moment opportun. Capitaliser ses ressources permet d'accepter la fin d'un projet pour redémarrer ailleurs ou différemment sur des bases déjà acquises. C'est aussi permettre en temps réel à ce qui est expérimenté quelque part et jugé efficace d'être répliqué ailleurs.
Instaurer une périodicité minimale de rendez-vous et y intégrer des temps de capitalisation (de mise en forme partageable) des productions est indispensable. Ce cycle peut ensuite se répéter indéfiniment ou ne se réaliser qu'une fois, il suffit à rendre réutilisable par soi et par d'autre l'intégralité de l'énergie investie. La mise en place de cycles récurrents permet aussi d'assurer la vie du projet : la durée de ce cycle correspond à la fréquence minimale de rencontres nécessaires à la vitalité du projet. En dessous de ce seuil, le projet ne peut survivre et c'est le signal qu'il faut y mettre fin - ce qui n'est pas si grave si tout ce qui a été produit est réutilisable immédiatement par tous !
De la compostabilité, il faut donc retenir trois choses :
1. elle se pense et se prépare très en amont,
2. elle permet de mettre fin aux projets lorsque nécessaire tout en leur assurant un nouveau départ,
3. elle nécessite le partage sincère de l'ensemble des ressources produites.
Rendre son projet compostable, c'est fertiliser les idées en les partageant et tendre vers des organisations plus vivantes, vivaces et vivables.
Le rapport au temps : on en crève !!!
On fait quoi avec ça quand on est animateur de projet et qu'on va demander du temps aux autres ?
Sur la posture de l'animateur
La posture de l''animateur de projet collectif influence le reste du collectif. Son rapport au temps percole donc dans le collectif et ses membres.
Mais pourquoi travailler son rapport au temps ?
redevenir heureux
sans temps pour soi, l'humain vit frustré
quand l'humain perçoit qu'il ne maîtrise pas le temps, qu'il le subit, il tombe malade.
choisir sa posture (choisir d'être heureux, bien plutôt que mieux, vivre aujourd'hui plutôt que demain...)
redevenir humain
sans temps de relations, il n'y a plus d'humanité
ceci a bien été documenté dans un ouvrage "Manifeste pour le bonheur" de Stefano Bartolini
Pourquoi les sociétés avancées souffrent-elles d'une pénurie de temps au beau milieu d'une abondance de biens ?
Au cours des 50 dernières années, l'accès aux biens de consommation s'est considérablement amélioré, mais les occidentaux ne paraissent pas plus heureux pour autant.
C'est le paradoxe du bonheur.
La thèse défendue dans "le Manifeste pour le bonheur" est que les effets positifs sur le bien-être, fruits de l'amélioration des conditions économiques, ont été annulés par les effets négatifs d'une dégradation des relations humaines. La régression du bonheur est largement corrélée à la pauvreté relationnelle.
4 forces agissent sur le bonheur en des directions opposées.
Force positive
L'augmentation du revenu par habitant
Forces négatives
Diminution des biens relationnels (ou capital social : toute forme de lien non économique entre les individus d'une part et entre les individus et les institutions d'autre part)
Diminution de la confiance dans les institutions (gouvernement, banques, syndicats, presse...)
Rivalité ostentatoire accrue : comparaison sociale permanente avec les autres et singulièrement les plus riches que soi
Le résultat de ces forces aboutit à une diminution constante du bonheur chez les gens. Plus le revenu augmente plus les forces négatives augmentent et annulent le bienfait de meilleures conditions économiques sur le bonheur ressenti
Cet effet a été appelée la "croissance endogène négative"
Il est fondée sur 3 hypothèses :
il y a des biens libres ou gratuits, que l'on ne peut acheter mais qui sont indispensables au bien-être (amitiés, relations humaines, espaces verts, eau, air pur...)
l'économie possède une grande capacité à fournir des substituts coûteux aux biens libres (piscine plutot que rivière propre, internet plutôt que rencontres humaines, une caméra plutôt que la confiance...)
la croissance économique réduit l'accès à ces biens libres en les détruisant (ou en interdisant leur accès)
Un cercle vicieux
La transformation des biens communs libres en substituts coûteux et privés influent négativement sur notre bonheur.
=> Pour nous défendre contre cette dégradation environnementale et sociale, nous devons (sommes incités par la publicité à) acheter la compensation.
Naturellement, pour financer ces dépenses "défensives", nous devons travailler plus. En d'autres termes, les efforts que nous déployons pour nous défendre contre la dégradation des biens libres contribuent à l'augmentation du PIB.
=> Par conséquent, la dégradation contribue à la croissance !!
La croissance quant à elle dégrade
l'environnement
c'est assez évident pour les biens communs, air et eau propre, biodiversité, nature accessible... ce qui en rebond les rend moins accessible pour tous et donc favorise leurs alternatives payantes et privées
et les relations humaines
moins évident au premier regard : la création d'un cadre consumériste où tout besoin se solde par un achat place les personnes dans un système de valeurs
qui favorise l'avoir plutôt que l'être, la comparaison plutôt que le partage, la compétition plutôt que la coopération, l'argent plutôt que le "don"...
qui insécurise, fait craindre une accaparation des ressources par "l'autre"
qui crée frustration, perte du sentiment d'autonomie et désengage les gens de leurs motivations intrinsèques
=> Les relations humaines étant moindres et l'environnement global stressant, notre bonheur ressenti chute et nous invite à "consommer" pour compenser... LA BOUCLE EST FERMEE ;-(
"Je suis publicitaire. Vous faire baver, tel est mon sacerdoce. Dans ma profession, personne ne souhaite votre bonheur, parce que les gens heureux ne consomment pas"
Frédéric Beigbeder
redevenir efficace
sans temps, l'humain ne peut penser et travailler
des méthodes, (mes gros cailloux, savoir dire non, gtd, pomodoro, matrice d’Eisenhower, matrice impact / effort...)
des outils (listes intelligentes, veille partagée, délesteurs...) pour pouvoir organiser l'usage de mon temps.
parce qu'on va mourir (tous)
Le « présentisme » (réduction du temps au seul présent, tyrannie de l’éphémère) et l’obsolescence rapide des informations, des produits, des technologies, des politiques, des modes, des personnes rend difficile la projection dans le futur. Cette façon de nier le futur se traduirait par l’impuissance à élaborer ensemble une vision de l’avenir mobilisatrice à long terme. En acceptant qu'une fin est possible (celle du projet ou celle du rôle d'animateur), l'animateur offre une vision au collectif.
Et vous vous avez déjà imaginer votre fin ? ce serait quoi votre discours de mort / votre épitaphe
pour réfléchir quoi faire avec le temps
un peu plus de comme avant ?
ou on sacralise le temps gagné pour redevenir humain...
Sur le rapport au temps que j'implique pour les autres
La gestion du temps est donc tout autant une affaire individuelle que collective qui nécessite de prendre le temps de repenser notre rapport au temps et de prendre conscience de nos limites individuelles, collectives et planétaires.
Le temps est un bien rival
Faire (ou participer à) un projet collectif demande du temps...
Chacun doit trouver de l'avantage à "investir" son temps ici.
L'animateur doit travailler avec le collectif afin que chaque membre trouve un intérêt personnel ou professionnel à être là
Comment faire ?
En questionnant : "je pourrais consacrer du temps à ce projet..."
S'il m'apporte personnellement...
Du côté personnel, les gens aiment apprendre, jouer... Il faut veiller à apporter du contenu et de la méthode.
S'il m'apporte professionnellement...
Souvent quand on explore ce point en prenant le temps, on s'aperçoit que de petites ré orientations du projet permettent d'y trouver les éléments pragmatiques qui permettront de justifier vis à vis de mon employeur : je prends du temps pour ce groupe mais vous voyez j'en reviens avec de nouvelles méthodes et outils dont j'ai besoin... je vais dans ce groupe qui a accepté de rapidement travailler sur ce sujet car c'est pour moi un sujet chaud du moment donc j'y gagne aussi.
repérer, discuter les trucs (même éloignés de l'objet du groupe) qui, s'ils étaient partagés me permettraient de revenir au travail plus "malin"
Enfin, ne pas négliger la dimension plaisir. Quand je vais dans ce collectif, je sais que ça va bosser mais aussi et surtout qu'on va se régaler, je vais en ressortir ressourcé TOTALEMENT, autant sur le fond que sur la forme. je serais évidemment prêt à privilégier du temps pour ce contexte plutôt qu'à un autre efficace mais chiant.
Le temps de l'animateur <> le temps du collectif
Travailler un peu cette question permet à l'animateur de rester en attention par rapport au collectif plutôt que de piloter en intention.
Attention à l'animateur militant
On est tous militant (10 à 15% de notre temps). Dans ces projets là, le temps ne compte "plus" mais ce n'est pas nécessairement le cas des autres membres qui sont là par intérêt mais pas par militance (et donc pas prêt à tout sacrifier)
Quand cette posture n'est pas travaillée, le collectif explose sous la cadence imposée par l'animateur militant ,-(